Festival Montréal Baroque : Un festival sous influences
Le festival Montréal Baroque nous fait redécouvrir la diversité au coeur de la culture montréalaise.
Réjean Beaucage
Photo : Johanne Mercier
Durant l’époque baroque (de 1600 à 1750, en gros), il y avait aussi de la musique hors de l’Europe. C’est en feuilletant un livre (30,000 Years of Art, éd. Phaidon) que Susie Napper, directrice du festival Montréal Baroque, a pris conscience de notre ignorance en ce qui concerne les contemporains de Bach qui vivaient en Chine, en Inde, ou encore à Haïti. "Je n’y avais jamais pensé, mais bien sûr, il y avait de la musique là aussi, alors j’ai voulu aller y voir de plus près."
Le concept ouvrait de nombreuses possibilités, et la programmation du festival, loin d’être musicologiquement orthodoxe, forcera les amateurs de baroque à faire quelques "accommodements musicaux". Par exemple, explique Susie Napper, "l’opéra Kun, de Chine, c’est de la musique de chambre avec voix, tout comme les airs de cours européens!" On pourra donc entendre les deux mêlés dans un concert où le duo de violes de gambe Les Voix Humaines et la soprano Samantha Louis-Jean partageront la scène avec l’Ensemble Tsuni Shou et la soprano Qian Yi.
"Savais-tu qu’il y avait 9 maisons d’opéra à Haïti en 1750?" me demande la gambiste. "Il y avait 30 000 Français, qui avaient de milliers d’esclaves africains. Les enfants mulâtres nés de l’union des premiers avec les seconds ont été éduqués à la française et furent les premiers Noirs à monter sur des scènes européennes." Susie Napper est allée chercher à Paris pour retrouver ce répertoire franco-haïtien, mais sans grand succès, et c’est finalement à Montréal qu’elle a pu tout retrouver, grâce à l’aide du musicologue Claude Dauphin. "Il m’a fourni le texte de la première chanson écrite en créole… par Jean-Jacques Rousseau!"
À travers son thème triple (Sirop, soie, safran), le festival n’oublie pas complètement le vieux Jean-Sébastien, aussi de la fête, mais il nous fera beaucoup voyager grâce à la musique klezmer de l’ensemble Budowitz, aux airs néo-écossais de La Nef et des Charbonniers de l’enfer, aux musiques irlandaises de La Cigale et à la musique indienne de Pandit Sharda Sahai. Tout ça commence avec le traditionnel défilé d’ouverture, qui part de la place Jacques-Cartier à 18 h 45 ce vendredi, et qui sera cette année plus coloré que jamais!
Du 20 au 23 juin
Dans le Vieux-Montréal
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Info: www.montrealbaroque.com