Gianmaria Testa : Thank you, Ferré!
Musique

Gianmaria Testa : Thank you, Ferré!

L’oeuvre de Léo Ferré est célébrée en version jazz par des musiciens italiens triés sur le volet. Entretien avec leur chanteur, Gianmaria Testa.

Un hommage à Ferré, c’est banal. Sauf lorsqu’on lui brasse la cage sévèrement. Il y a quelques années, Dionysos avait repris efficacement Thank you, Satan! en rock. Voici maintenant que de grands musiciens italiens jazz actuels le reprennent à leur manière très singulière: en le déconstruisant, le mêlant à d’autres artistes, poètes et musiciens. Le cd a été couvert d’éloges par la critique. Roberto Cipelli, en plus de tenir le piano, signe les arrangements et la direction artistique (avec Paola Farinetti). Également de la partie, Paolo Fresu, Philippe Garcia, Attilio Zanchi.

Et Gianmaria Testa, qui interprète (le plus souvent en français) Les forains, Avec le temps, etc. Au bout du fil, le chanteur explique la genèse du projet: "Roberto Cipelli a été touché par Ferré. Il a eu envie de monter un spectacle. Paolo m’a appelé pour savoir si je voulais chanter quelque chose de Ferré. J’ai dit: ou lala, chanter en français un géant comme ça, surtout pour un Italien! On a fait ce concert quelques fois en Italie, puis en France, en Suisse, en Belgique."

Quelques années passent. Puis l’idée de transposer ça sur cd vient naturellement, de la demande du public. "Ce n’est pas exactement un hommage à Ferré, mais plutôt dans l’esprit de Ferré. Je trouve que le disque respecte cette anarchie puissante." Anarchie comme dans bordel organisé, ce qui séduit tant: l’impression d’une balade au hasard chez Ferré, mais aussi chez ceux qu’il aimait (les poètes Verlaine et l’Italien Cesare Pavese). Nuance et finesse dominent l’album. En spectacle, à Montréal, Testa mélangera même quelques-unes de ses propres chansons. Deux oeuvres uniques, belles, qui se rencontrent. Des étincelles sont prévues.

Testa, consciencieux, a réécouté tout Ferré pour se préparer à ce projet. "J’adapte certaines chansons à ma manière de chanter. Parce qu’il chantait très différemment. Il déclamait ses mots, très puissants. J’ai choisi avec Roberto des chansons qui collaient bien avec mon style, que je pouvais faire un peu miennes." C’est réussi.

Le 29 juin
Au Théâtre Maisonneuve

À écouter si vous aimez /
Léo Ferré, les rencontres inusitées, le jazz italien