Servantès : De Séville à Wynton
Patrice Servant, alias Servantès, rappelle Don Quichotte, rêvant de flamenco, de guitares gitanes et de l’Espagne d’antan.
Le guitariste gatinois Patrice Servant revient d’un stage de flamenco à Séville, où il a joué avec des maîtres pour saisir l’essence de cet art centenaire. "La plupart des joueurs de flamenco sont autodidactes et ne savent pas lire la musique, je me suis rendu compte qu’ici, les outils étaient difficiles à trouver pour le comprendre comme il faut. Même ceux qui savent lire et écrire la musique préfèrent enseigner de bouche à oreille, avec les yeux, en te le montrant plutôt qu’en l’écrivant", explique avec passion celui qui se fait appeler Servantès. Ce stage, rendu possible grâce à une bourse du Conseil des arts, a marqué profondément le diplômé du Conservatoire de musique de Gatineau, qui a ainsi pu côtoyer les Oscar Guzman, Andres Hernandez et Pedro Sierra, trois maîtres de la guitare. Cette expérience alimentera également son premier disque complet, puisqu’il y reprendra des standards du jazz à la sauce flamenco.
Mais une grande surprise l’attendait aussi à son retour, puisque Servantès s’est fait offrir d’ouvrir pour Wynton Marsalis dans le cadre du Festival international de jazz d’Ottawa: "Tout ça, c’est grâce à Jacques Émond [directeur artistique du festival]. Il prend un risque en nous donnant cette chance, mais il tient vraiment à soutenir le jazz canadien. Quand j’ai appris ça, j’avais du mal à le croire. Wynton, c’est un des plus grands modèles que j’aie. Comme moi, il a fait ses études en classique pour rediriger sa carrière vers le jazz. Ça m’inspire beaucoup", commente-t-il avec admiration. Servantès aura pour mission de réchauffer la foule de la scène principale pour un géant parmi les géants et, du coup, de donner le coup d’envoi du festival. L’accompagneront Yves Lacoursière (sax, flûte), Christian St-Louis (basse), René Fortier (percussions), Alvaro de Minaya (cajón) et Patrick McCann (batterie).
Bien qu’encouragé entre autres par les appuis de Radio-Canada et des Jacques Émond de ce monde, Patrice Servant se dit tout de même déprimé par la scène jazz d’ici: "En Europe, il y a des cafés, des salles de concert à tous les 10 pas; les gens l’apprécient, ils sont toujours dehors à prendre un verre, à aller voir des spectacles. Je ne pense pas qu’ils aient des cinémas maison comme nous. En fait, tout ça découle du climat! La scène est dure, mais les échanges entre artistes sont vraiment stimulants."
Faites connaissance avec Servantès en performance cet été, procurez-vous son DVD live à la salle Odyssée ou suivez l’évolution de son album à paraître sur son site Web: www.patriceservant.com.
[Première partie de Wynton Marsalis]
Le 20 juin à 18h30
Au parc de la Confédération
Voir calendrier Jazz
Le 28 août
Au café Aux 4 Jeudis