Daniel Lanois : La loi de Lanois
Musique

Daniel Lanois : La loi de Lanois

Daniel Lanois nous entretient de ses plus récents projets. À l’ordre du jour: cinéma, concerts et travail de production pour un certain quatuor irlandais…

L’année 2008 passera à l’histoire comme un millésime exceptionnel pour les mélomanes s’intéressant à la carrière de Daniel Lanois. Fort généreux, le p’tit gars de Hull nous a déjà offert Here Is What Is, film accompagné d’une BO multiforme. Il nous proposera bientôt des rééditions – dont une partie est déjà offerte en version numérique – ainsi que du matériel inédit. Entre-temps, il passera quatre soirs en notre compagnie au Festival International de Jazz de Montréal. Et on n’a encore rien dit de ce que le musicien a aidé ses amis Bono et compagnie à concocter, quelque part en Irlande… Vaste programme, qu’on passera en revue, dans l’ordre, avec le principal intéressé.

L’ART DU DIY

Dans Here Is What Is, oeuvre à mi-chemin entre le documentaire et le journal de bord, Daniel Lanois s’intéresse à la mécanique intrinsèque de la création, un sujet auquel il a beaucoup réfléchi. Quelles sont les conditions qui favorisent l’émergence de l’art? On entendra le metteur en son Brian Eno répondre que les belles choses naissent nécessairement dans la fange. "C’est on ne peut plus punk comme idée, croit Lanois. Cela signifie que n’importe qui, en partant de rien du tout, peut apprendre à jouer d’un instrument et s’illustrer dans l’arène de la créativité."

Déjà disponible en DVD, le film est accompagné d’une trame sonore qui réunit chansons pleinement abouties, sketches musicaux et bribes de dialogues. Avant de voir le jour sur support physique, la musique de Here Is What Is a été vendue en ligne, en format WAV, dont la qualité sonore est proche de celle d’un CD. "L’expérience a été très concluante, confie Daniel Lanois. Je pense qu’il y a place à faire paraître la musique sur plusieurs plateformes. On peut présenter le tout en coffret, ajouter un DVD, des photos, des pièces inédites. Finalement, tout le monde y trouve son compte."

Ce projet multimédia a vu le jour sur l’étiquette Red Floor, que l’artiste a créée, récemment, pour diffuser sa propre musique. "Je vais bientôt y mettre en vitrine une édition bonifiée de mon premier album, Acadie, et dont j’ai pu enfin récupérer les droits", annonce Lanois. Plus tard dans l’année, du matériel d’archives inédit verra le jour, sous la bannière The Omni Series. Le premier volet sera consacré à la guitare pedal steel, son instrument fétiche.

Cette entreprise participe d’un engouement pour l’archéologie musicale, tendance qui, depuis quelques années, prend de plus en plus d’importance. On réédite, on remasterise, on exhume, mais crée-t-on encore du neuf? La musique semble être devenue l’objet d’une révolution entourant la diffusion et les modes d’écoute. Aurait-on atteint un plateau en matière de contenu? "C’est vrai qu’on ne mesure plus le progrès à coups de grands bonds en avant, confirme Daniel Lanois. Mais je pense qu’il y a encore place à l’inédit, par le biais de métissages inusités. Remarquez, le rock’n’roll a déjà plus de 50 ans. Ceci explique peut-être un peu cela."

SHOW TIME

Daniel Lanois s’apprête à descendre à Montréal, où il se produira quatre soirs au FIJM. Il montera d’abord deux fois sur la scène du Cabaret, en formule plus intime avant de se produire au Club Soda et, enfin, au Métropolis. "Je serai accompagné des mêmes musiciens tous les soirs, explique-t-il. Ce sont Marcus Blake, basse et voix; Jim Wilson, guitare et voix; et Steven Nistor, à la batterie. Je me réserve une séquence solo à la guitare. On jonglera avec le même matériel et, selon la salle et l’atmosphère, ça devrait donner des résultats assez différents d’une fois à l’autre."

C’est donc dire que Lanois rentrera sous peu d’Irlande, où des projets sérieux l’ont retenu ces derniers temps. En l’occurrence, la réalisation du prochain album d’un certain orchestre irlandais… "Le disque de U2 est pratiquement terminé, révèle-t-il. Je suis très content du travail qui a été accompli. On a particulièrement travaillé le son de basse. Je pense qu’il s’agira d’un des grands disques du groupe, un disque innovateur à tous les chapitres."

Cette réunion, bien que féconde, aurait-elle fait oublier à Lanois ce rêve qu’il nous a un jour confié: pouvoir croiser le fer avec Jimi Hendrix. "Jimi me rend visite de temps en temps, répond-il, amusé. Je l’ai justement croisé en studio récemment. Il m’a inspiré un concept sonore tout neuf. On pourra l’entendre en primeur sur une chanson du nouveau U2, chanson qui s’intitulera The Cedars of Lebanon…"

Les 1er et 2 juillet au Cabaret (complets)
Le 3 juillet au Club Soda
Le 4 juillet au Métropolis

À écouter si vous aimez /
Le rock roots atmosphérique, Brian Eno, The Joshua Tree de U2