Filter : Guerre et paix
Musique

Filter : Guerre et paix

Armé d’une énergie renouvelée, Filter est de retour en force après plus de cinq ans d’absence.

Il aura fallu cinq années pour voir sur les tablettes des disquaires un nouvel album de Filter. Après l’épisode d’Army of Anyone, un groupe formé avec les frères Robert et Dean Deleo de Stone Temple Pilots, Richard Patrick est revenu au groupe qu’il a fondé en 1995, après son départ de Nine Inch Nails. Le chanteur a pris la peine de régler son problème de dépendance à l’alcool et semble être au sommet de sa forme. Il va même jusqu’à s’excuser à propos de cet épisode personnel qui l’a gardé hors de la scène musicale pendant presque un an.

Avec ce dernier disque, Anthems for the Damned, Richard Patrick livre un message clair et prête sa voix aux convictions qui l’habitent. Son groupe s’additionne ainsi au lot d’artistes qui s’expriment contre la politique internationale des États-Unis et leur président. "Mon pays a vraiment un problème, affirme-t-il. L’espèce humaine en général aussi. Nous sommes brillants et inventifs, mais très cruels envers nous-mêmes. Lorsqu’un gouvernement ne trouve pas d’autre moyen, pour communiquer sa culture et défendre la démocratie, que d’envahir le Moyen-Orient, c’est qu’il est vraiment malade. Je n’avais pas le choix d’en parler et d’en faire le thème de cet album."

La pochette est révélatrice de cet engagement et de l’empathie que semble cultiver l’artiste envers les victimes de ladite politique: une illustration sombre dans laquelle on distingue un casque militaire accroché sur la crosse d’un fusil mitrailleur piqué dans le sol. Un cliché symbolique qui fait déjà vu mais que le chanteur endosse sans complexes.

"Je n’ai pas envie de parler de ma putain de voiture ou de ma superbe maison, tranche-t-il. J’ai le goût de dire: "Guys! Il y a un problème et je suis inquiet!" Je me fous totalement de savoir si d’autres artistes on fait la même chose avant moi ou si la guerre est devenue un sujet dépassé. Ce qui est important, c’est de considérer que l’humanité s’entretue et qu’il y a des victimes! Je ne tente pas de réinventer la musique ou de prétendre que c’est original. Ce que je fais ne changera pas le monde. J’adore John Lennon, c’est un génie. Putain, j’adore Joe fucking Strummer aussi! Lorsque des artistes de cette trempe sont passés avant toi, il faudrait être complètement débile pour s’imaginer qu’on pourra être original et accomplir quelque chose de significatif."

Malgré tout, l’album se conclut sur une note positive avec la chanson Only You. Une composition qui s’est amorcée avec une méthode d’écriture particulière, inspirée de Brian Eno. "Tu te rappelles la chanson The 4th (sur l’album The Amalgamut)? J’avais employé la même méthode. Il suffit d’enclencher le processus en studio, sans intentions précises, et une succession d’imprévus survient. Par la suite, c’est à nous d’y voir quelque chose de concret. C’est une façon de se mettre dans un état particulier afin d’être disposé à recevoir plutôt que de s’imposer un concept bien précis dès le départ. Quand j’ai fait Only You, c’était une façon de lever mon chapeau à Brian Eno, un grand penseur de la musique."

Le 27 juin à 22h45
Sur la scène Molson Dry
À Woodstock en Beauce
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À écouter si vous aimez /
Stone Temple Pilots, Nine Inch Nails, Soundgarden