Ladytron : Quelque part entre hier et demain
Ladytron vient nous présenter Velocifero, un quatrième album qui ressemble à la trame sonore d’un futur immédiat. À moins qu’il ne s’agisse de l’écho d’un passé actualisé.
Quelque chose dans la proposition esthétique de Ladytron tient d’une vision d’avenir si proche qu’elle se dessine juste au-delà du regard. Seule l’oreille peut déjà l’entendre, qui capte ces fréquences émises à partir d’un espace temps légèrement décalé. Et pourtant, on pourrait aussi croire que le groupe diffuse depuis une zone parallèle à celle dans laquelle nous évoluons, mais où règne toujours une certaine conception du monde, idéalisée, dont les canons esthétiques sont ceux qui tonnaient il y a quelques décennies. Si tel était le cas, on ne devrait pas se surprendre que Mira Aroyo, pour son passage à Montréal, se promette de découvrir le patrimoine de notre célèbre Exposition universelle. "J’ai vu des photos de ces maisons qui ressemblent à des blocs Lego, Habitat 67 je crois, et j’ai bien envie d’aller les visiter", confie la musicienne en direct de Saint Louis, dans le Missouri, au retour d’une escapade qui l’a menée au sommet de la Grande Arche – "un édifice qui rappelle 2001, Odyssée de l’espace", précise-t-elle…
Dans la foulée, on aurait envie de lui suggérer d’escalader le mât de notre stade olympique mal-aimé, mais on s’entretiendra plutôt de l’architecture, sonore en l’occurrence, de Velocifero, brillant quatrième album du quatuor. "Nous avions une bonne fondation avec le disque précédent, Witching Hour, qui pouvait nous servir de tremplin et nous mener dans différentes directions, explique Mira Aroyo. Je dirais qu’il y a plus de variété sur Velocifero, et que les compositions sont souvent plus intéressantes sur le plan rythmique."
Pour l’aider à construire ses nouvelles pièces, Ladytron s’est associé à Alessandro Cortini, ex-Nine Inch Nail. Quel impact cette collaboration a-t-elle eu sur la structure finale? "Alessandro a ajouté quelques strates sonores très subtiles ça et là, dit Mira Aroyo, et il a aiguillé certaines chansons vers l’imprévu, si bien qu’elles ont acquis un côté un peu plus inquiétant, presque hanté."
Par ailleurs, le groupe a trouvé dans sa boîte à musique des outils percussifs très efficaces. Le son de batterie de Black Cats, notamment, est particulièrement costaud, qui combine divers rythmes programmés. "Parfois, on emploie plutôt un échantillon de batterie, ou bien on demande à un batteur d’accompagner une piste existante, que l’on déconstruit et reconstitue ensuite", ajoute Aroyo.
Sur scène, les quatre Ladytron, aux voix, claviers et guitares, sont justement accompagnés d’un batteur, ainsi qu’un bassiste. C’est la formation privilégiée en tournée depuis Light & Magic. "Pour Velocifero, un disque plus texturé que Witching Hour, ancré dans l’expérience live, nous avons opté pour une approche épurée", révèle la musicienne. Le groupe ira-t-il jusqu’à "jazzer" son répertoire pour le FIJM? "Si ça se trouve, on va plutôt laisser l’esprit jazz influencer notre jeu. Reprendre un titre de Leonard Cohen serait sans doute une bonne idée", conclut-elle.
Le 2 juillet
Au Metropolis
À écouter si vous aimez /
Goldfrapp période électro; Fischerspooner; Add N to (X)