Orchestra Baobab : L'arbre est dans ses feuilles
Musique

Orchestra Baobab : L’arbre est dans ses feuilles

Les papis de l’Orchestra Baobab sont plus en forme que jamais, on pourrait même parler de légendes vivantes.

Barthélemy Atissou est un homme heureux. Même s’il prétend n’avoir pas encore retrouvé "la vitesse de croisière" de ses belles années, le vétéran de l’Orchestra Baobab trouve encore le moyen de jouer de la guitare dans sa chambre d’hôtel "pour se dégourdir les doigts", dit-il, avant ses performances quotidiennes. "Nous ne ressentons pas la fatigue, affirme le maestro, car chaque fois que nous nous retrouvons sur scène, le public nous donne tellement d’énergie que tout repart comme si nous étions tous jeunes. Nos concerts se transforment en salles de danse. Et nous ne nous expliquons pas le fait que nous soyons nous-mêmes porteurs de joie, c’est comme une grâce divine. Alors nous donnons plus que ce qui nous est demandé."

Il était une fois, au pays des baobabs, un orchestre exceptionnel composé de musiciens recrutés parmi les meilleurs de la capitale sénégalaise. Les hautes personnalités de l’époque avaient besoin d’une boîte de nuit qui soit conforme à leur rang et d’un orchestre de grande qualité pour les détendre durant leurs belles soirées. L’endroit mythique sera baptisé "Le Baobab" en 1970. Et la formation en résidence prendra le nom de cet arbre tellement symbolique de l’Afrique de l’Ouest. "C’était le temps des grands succès pop, se rappelle Atissou. Moi, j’admirais Carlos Santana mais aussi B.B. King et Django Reinhardt." D’où son style unique! D’ailleurs, toute la musique de Baobab est un amalgame incroyable qui puise dans les rythmes et les sons de Cuba, d’Haïti, de la Guinée, de l’Angola, du Zaïre et de la Casamance pour aboutir à un mélange inouï qui cristallise pourtant l’identité sénégalaise.

Atissou accepte avec philosophie le fait que la mode ait balayé ce groupe d’élite et l’ait plongé dans l’ombre pendant 15 ou 20 ans. Jusqu’à l’arrivée de Nick Gold. L’ingénieur américain a dépoussiéré les bandes enregistrées sur un quatre pistes, les a remixées et a révélé d’un coup au monde entier cette musique lancinante dont la magie est restée intacte. "C’est un miracle! clame Atissou. Une récompense en quelque sorte pour le travail que nous avons fait dans les années 70 qui n’a pas été payé à sa juste valeur. Car nous avons connu le succès, certes, mais à l’époque, ce n’était qu’un succès local. C’est comme si le fruit de ce que nous avons fait il y a 25 ou 30 ans finissait par nous être rendu."

Le 4 juillet à 21h15
Sur la scène Black Sheep – Bluesfest d’Ottawa

À écouter si vous aimez /
Ali Farka Touré, Tinariwen, Salif Keita