Alain Lefèvre : Continuons le combat!
Le pianiste Alain Lefèvre est l’ambassadeur du Festival de Lanaudière; il est aussi un ardent défenseur de la musique d’ici, de ceux qui la composent et de ceux qui la jouent.
On le sait depuis quelques années, le pianiste hyperactif Alain Lefèvre a trouvé dans l’oeuvre d’André Mathieu de quoi combler ses insomnies (quand il n’en profite pas pour composer lui-même). Le 8 mai dernier, il donnait la création mondiale du Concerto no 4 de Mathieu, oeuvre mythique, perdue, puis retrouvée. C’est en Arizona, avec le Tucson Symphony Orchestra, que le pianiste a créé l’oeuvre écrite par Mathieu à l’aube de la vingtaine (et aujourd’hui orchestrée par Gilles Bellemare). "Si on l’a créé aux États-Unis, explique Lefèvre, c’est qu’il semble bien difficile de faire admettre au Québec qu’un compositeur québécois puisse avoir du succès… À ce moment-ci, je peux dire que l’oeuvre aura sa première européenne le 27 octobre au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, puis sera en tournée en Chine et dans une dizaine de villes en Angleterre. Je sais aussi qu’on la jouera à l’OSM à la saison 2009-2010, mais aucun autre orchestre canadien n’a manifesté son intérêt…"
De ce véritable combat que mène Alain Lefèvre pour la reconnaissance du compositeur (disparu il y a 40 ans cette année) en découlent d’autres, qu’il enfourche comme autant de chevaux de bataille: le risque de disparition de la musique de tradition classique et la reconnaissance des talents d’ici. Le "dossier Mathieu" sera bientôt complété par un film (de Luc Dionne) et une biographie (de Georges Nicholson): "Il me reste le deuxième concertino; après ça, je m’attaque à trois compositeurs québécois bien vivants: François Dompierre, Denis Gougeon et Walter Boudreau! Ce n’est plus possible d’enregistrer exclusivement le vieux répertoire venu d’ailleurs, ça devient carrément obscène; je pense avoir prouvé avec Mathieu qu’il y a aussi des chefs-d’oeuvre qui s’écrivent ici."
Le pianiste se rassure un peu sur l’état de la musique classique grâce à l’émission qu’il anime sur les ondes d’Espace musique (dimanche, 10 h): "L’émission connaît un certain succès, alors ça prouve quand même qu’il y a encore de la place pour cette musique!" Le 19 juillet, l’ambassadeur du Festival de Lanaudière se fera maître de cérémonie lors d’une journée consacrée au piano, pour laquelle il a invité des talents confirmés, mais aussi de jeunes artistes, qu’il contribue déjà à faire connaître à la radio. Il en présentera huit l’après-midi (14 h 30) et il sera des neuf pianistes présents le soir pour jouer des oeuvres à deux, trois ou quatre pianos de Mozart et Bach, avec l’orchestre du festival, dirigé par Daniel Myssyk (20 h). Fait à noter: le concert de l’après-midi est gratuit pour les moins de 25 ans (et les hot-dogs aussi!).
Mais d’abord, le 7 juillet, on pourra voir le pianiste dans un rare récital avec son frère, David Lefèvre (premier violon solo à l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo): "C’est un plaisir pour nous et, je crois, aussi pour le public que de pouvoir donner ce récital avant de l’enregistrer quelques jours plus tard pour parution à l’automne, chez Analekta." On pourra y entendre des sonates pour violon et piano de César Franck et Guillaume Lekeu et, en création, la Fantaisie pour violon et piano d’André Mathieu. Le festival débute le 5 juillet (pré-ouverture en supplémentaire le 4).
Récital d’Alain et David Lefèvre
Le 7 juillet
À l’église de Berthierville
Voir calendrier Classique
Journée autour du piano
Le 19 juillet
À l’Amphithéâtre de Lanaudière