Angélique Kidjo : L’ange noir
Angélique Kidjo sera pour la toute première fois sur scène à Trois-Rivières. Une longue attente qui promet une rencontre unique.
L’événement remonte à 2006 et est encore aujourd’hui d’actualité. Une action qui en révèle beaucoup sur le tempérament d’Angélique Kidjo. La chanteuse béninoise se trouve sur une scène à Harare, au Zimbabwe, devant une foule imposante. Interrompant sa performance, elle dénonce la politique du chef d’État zimbabwéen, Robert Mugabe, un homme politique qui selon elle brûle et torture son propre pays. Elle résume ses actions politiques à un cauchemar, ce qui n’en fait pas un chef mais bien un monstre.
Il n’est pas très difficile de s’imaginer que la foule y a vu un message d’espoir et lui a prêté une reconnaissance exceptionnelle. Pas difficile non plus de s’imaginer qu’elle ne s’est pas attiré beaucoup de sympathie de la part du gouvernement en place.
"Je n’ai pas envie de faire de la politique", précise-t-elle, en avouant que ses proches se soucient parfois de sa propre sécurité. "Par rapport au Zimbabwe, poursuit-elle, j’avais reçu une lettre d’un groupe d’activistes zimbabwéens anti-Mugabe, qui me disait que je ne pouvais pas aller jouer là-bas. Elle disait: "Tu es pour nous la personne qui nous défend partout, qui parle au nom de l’Afrique. Tu es pour nous la voix qui peut communiquer à travers le monde ce qui se passe chez nous. Si tu viens au Zimbabwe, c’est comme si tu donnais ta caution à Robert Mugabe." Cette lettre, elle m’a choquée. Alors je me suis retournée vers l’UNICEF et Amnistie internationale pour leur demander quoi faire. Ils sont au courant de ce qui se passe sur le terrain et je devais savoir comment gérer ça. Après avoir eu la confirmation que je pouvais dire ce que je voulais sur scène, j’ai agi. C’est ma scène! Qui suis-je pour ne pas me permettre de dénoncer des faits? C’est ma population, parce que je viens d’Afrique. Ce n’est pas parce que je ne suis pas zimbabwéenne que cette douleur ne m’atteint pas!"
Les convictions d’Angélique Kidjo sont fondamentales dans son cheminement artistique. C’est une source d’inspiration qui a contribué à une trilogie composée des albums Oremi, Black Ivory Soul et Oyaya!. Trois albums qui ont fait le pont entre différentes cultures alors qu’elle empruntait la route des esclaves. Tout d’abord les États-Unis, ensuite le Brésil et pour finir les Caraïbes. Un pèlerinage qui a nourri sa musique et son discours, et qui se révèle encore sur son dernier disque, Djin Djin.
"C’est ce que les musiciens traditionnels de mon pays ont toujours fait, rappelle-t-elle. Bien avant la radio et la télévision, c’était une tradition d’entendre ces musiciens nous parler de notre société, de nos ancêtres, de ce que notre inertie peut avoir comme conséquence, du présent et du futur de notre pays. J’ai appris beaucoup de choses par les chansons et les conteurs. Quand on est artiste, on a toujours quelque chose à dire! C’est par rapport à sa propre expérience ou celle de quelqu’un qui est proche de vous. Quand quelqu’un souffre, ça vous atteint! Donc, si vous êtes touché en tant qu’artiste par cette douleur, vous devez guérir en l’exprimant, en la traduisant en mots et en musique. Pour moi, la musique, peu importe la manière dont on l’exprime, c’est avant tout un message."
Le 6 juillet à 19h
À la Scène Caisse Desjardins des Trois-Rivières
Au FestiVoix
Voir calendrier World/Reggae
À écouter si vous aimez/
Zap Mama, Ismael Lô, Boukman Eksperyans