Bettye LaVette : Soul sista
Musique

Bettye LaVette : Soul sista

Figure méconnue du rhythm’n’blues classique, Bettye LaVette s’amène au FIJM. Attention, chaud devant!

Dès la fin des années 60, Bettye LaVette (née Betty Haskins) chantait I’m Holding On, une chanson au titre tout à fait emblématique de sa carrière en dents de scie. Après s’être imposée en 1962 avec son premier 45 tours à succès chez Atlantic (My Man – He’s a Loving Man), cette figure légendaire et paradoxalement méconnue du rhythm’n’blues a passé les 46 dernières années dans un anonymat relatif, disparaissant parfois du front discographique. "Vous me faites rire avec ces questions sur mon absence, vous les journalistes, de s’esclaffer la diva. Si vous m’avez perdue de vue un moment, c’est qu’aucun label ne voulait m’endisquer. Mais je n’ai pas cessé de chanter à droite et à gauche, à Detroit et dans les environs, pour autant."

Heureusement, la firme Anti a remédié à cette injustice en lui permettant d’enregistrer I’ve Got My Own Hell to Raise (2005) et The Scene of the Crime (2007), deux albums qui confirment ce que ses vieux fans savaient déjà, à savoir que son savant mélange de blues, de gospel, de rock et de soul depuis près d’un demi-siècle la classe dans la catégorie des Etta James, Aretha Franklin et Tina Turner de ce monde. "Une figure-culte, moi? Peut-être… Mais pour le savoir, il faut faire partie du culte! rigole-t-elle à nouveau. Et ça ne m’a jamais garanti de tournées, ni de contrat de disques."

Bien sûr, me concédera Bettye LaVette, un W.C. Handy Award, une mise en nomination pour un Grammy et l’attention médiatique dont elle a bénéficié ces dernières années sont des facteurs qui ont contribué à un plus vaste rayonnement de sa musique. Elle m’avouera d’un même souffle qu’elle n’écoute guère de musique, d’aujourd’hui ou d’hier, qu’elle connaît en définitive peu le travail des auteurs des chansons dont elle s’est faite l’interprète (ces dernières années, Fiona Apple, Sinead O’Connor, Lucinda Williams). "Mon mari, qui est aussi mon directeur musical, m’impose d’écouter des chansons, mais je ne retiens que les chansons qui me conviennent, qui m’intéressent. Je m’intéresse peu aux auteurs. C’est la chanson qui prime." Si elle fréquente peu de disques, elle avoue qu’elle aurait bien aimé se joindre aux autres invitées de Tony Bennett, qu’elle adore (malgré son registre vocal restreint), sur le disque Playing With My Friends: Bennett Sings the Blues. "Nos voix se seraient mariées à merveille. Dommage que personne n’ait pensé à m’inviter à y participer!"

Avec le recul et cet humour ravageur qui la caractérise, Bettye LaVette s’enorgueillit cependant d’avoir appris à danser la claquette. "Ne riez pas, je suis la seule chanteuse de rhythm’n’blues qui sache danser la claquette! Sans blague, je suis surtout contente d’avoir intégré la leçon que voulait m’inculquer mon manager dans les années 60. J’ai appris à chanter comme moi-même."

Et à s’accrocher en dépit de tout, comme une vraie de vraie survivante.

Le 5 juillet
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Etta James, Aretha Franklin, Tina Turner