Cassandra Wilson : Redéfinir les standards
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Cassandra Wilson : Redéfinir les standards

Dans la foulée de la parution de son nouvel album Loverly, la chanteuse Cassandra Wilson revient enfin au FIJM après une trop longue absence…

"J’ai un fils adolescent maintenant, c’est pourquoi je ne pars plus en tournée aussi souvent, aussi longtemps", m’explique tout de go une Cassandra Wilson enjouée. En effet, mis à part sa brève participation à un concert du trompettiste Terence Blanchard au Spectrum en 2001, la première et seule chanteuse à s’être vu décerner le prestigieux prix Miles-Davis n’avait pas pris part à notre bacchanale jazz annuelle depuis… depuis neuf ans! Cette distinction, on s’en doute, revêt une signification particulière pour la créatrice de l’excellent album Traveling Miles. "Ce trophée, je l’ai sous les yeux présentement, c’est mon préféré; pas juste parce que c’est une oeuvre d’art en soi, mais surtout à cause de l’importance symbolique de Miles. Enregistrer ce projet puis me voir attribuer ce prix, ç’a été l’un des moments forts de ma carrière, vraiment."

Wilson nous revient avec Loverly, son deuxième recueil de standards, qui a de quoi surprendre – surtout après Thunderbird, album (d)étonnant même pour cette exploratrice des terrae incognitae du jazz vocal. "J’ai senti que c’était le moment de renouer avec ce matériel, pour le simple plaisir. Ce type de projet se fait souvent avec trop de planification, de préparation. Pour Loverly, j’ai choisi de travailler dans un appartement converti en studio, dans la décontraction et avec ce bonheur de côtoyer des musiciens que je savais capables de s’approprier le matériel et de l’amener ailleurs."

Le choix du répertoire n’a pas posé de problèmes à Wilson, qui s’en est d’abord remise à Bruce Lundvall, grand manitou du label Blue Note, qui a établi une première liste. "En parcourant la liste de Bruce avec Lonnie Plaxico (son fidèle contrebassiste et directeur musical), les choses se sont vite placées, les arrangements se sont esquissés d’eux-mêmes et d’autres chansons se sont imposées. Et puis, l’avantage de travailler avec des musiciens du calibre des miens, toujours dans le plaisir et la décontraction, c’est la certitude d’obtenir un résultat de premier ordre." En dépit de l’aura qui les nimbe, la chanteuse ne concède pas aux standards un rang forcément supérieur aux chansons pop contemporaines qu’elle a remodelées en jazz (Mitchell, Dylan, Wonder, Sting). "C’est sûr, les standards viennent d’une autre époque, mais le jazz ne se limite pas à ce répertoire. Il y a beaucoup de sources où puiser le matériel propice à la création de grande musique."

À une époque où l’appellation "chanteuse de jazz" se voit galvaudée par la moindre midinette en robe de satin qui ânonne sans invention les chansonnettes du Broadway d’antan, quel sens donner à cette étiquette? "Pour moi, une chanteuse de jazz, c’est quelqu’un doté d’un certain niveau d’expertise musicale, qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus par amour pour la musique et non pas par soif d’argent et de gloire. Parce que le jazz, on s’entend, ne peut guère vous apporter argent et gloire de nos jours", de rigoler Cassandra Wilson, pour qui l’essentiel est ailleurs.

Le 4 juillet
Au Théâtre Maisonneuve de la PdA
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