Cyro Baptista : Beat it! Beat it!
Musique

Cyro Baptista : Beat it! Beat it!

Cyro Baptista explose dans son groupe Beat the Donkey. Une orgie de percussions qui prend la scène d’assaut.

Il faut voir les sept musiciens réunis sur scène pour comprendre la raison d’être du groupe Beat the Donkey, qui a été créé par le percussionniste Cyro Baptista. La troupe accomplit une performance colorée et physique, où le mouvement se conjugue aux sonorités exotiques et recherchées que transmettent des instruments aux multiples origines.

Ce n’est pas pour rien que Cyro Baptista a nommé son groupe ainsi. C’est une expression populaire qui vient de son Brésil natal. Le percussionniste se rappelle encore São Paulo et cette tradition qui consiste à courir après le donkey (un imbécile) pour le faire taire une fois pour toutes. Bien entendu, le donkey évite les coups et se relève constamment, ce qui crée inévitablement une course folle et obstinée.

Le groupe s’est obstiné lui aussi, et l’ensemble célèbre cette année son 10e anniversaire. Un ensemble de percussions que Baptista considère maintenant comme une famille universelle où toutes les nationalités se confondent. "Au départ, tous les ensembles de percussions que je voyais sur la scène musicale étaient très traditionnels et sérieux, explique-t-il. Leurs spectacles étaient statiques et sans aucun mouvement. Mes influences sont issues du milieu théâtral, et je voulais exploiter une autre dimension que la musique: celle de la scène. Le mouvement est naturel dans le rythme. C’est comme ça que l’image du donkey m’est venue à l’esprit. Ça bouge constamment! Notre performance est musicale, mais elle se traduit en images."

Le personnage est charismatique. Avec son rire chaleureux et sa façon bien à lui d’interpeller son interlocuteur afin de lui poser une multitude de questions, il séduit par une bonhomie et une sincérité uniques. C’est sans doute dans le même état esprit qu’il a quitté à l’époque son pays natal pour faire le grand saut à New York et ainsi rencontrer John Zorn, qui allait en faire l’un de ses musiciens fétiches. "Je suis allé aux États-Unis avec une bourse pour étudier au Creative Music Studio à Woodstock, se rappelle-t-il. Le trompettiste Don Cherry y enseignait, et ça a été pour moi l’occasion de rencontrer toute cette faune de musiciens new-yorkais qui s’adonnaient au free-jazz et à la musique contemporaine. Après ça, tout va si vite! On se retrouve avec John Zorn, Herbie Hancock, Paul Simon…" La liste est longue et surprenante, mais le Brésilien en est plus honoré que vantard.

Pour le percussionniste et compositeur, la musique est avant tout un langage universel qui se communique sans ambages. Loin de se considérer comme un déraciné, il revendique sans complexe son rêve. Certains considèrent les percussions comme des instruments limités à la rythmique? Le musicien trompe les sceptiques par une technique éclectique et raffinée. "Quand je suis en contact avec ces instruments et que je compose ma musique, j’entends une mélodie, souligne-t-il. La première fois que je me suis présenté aux gens d’une compagnie de disques avec ce projet pour exposer mes idées, ils ont cru que j’étais fou! Mais, pour moi, les barrières se doivent d’éclater."

Le 9 juillet à 21h30
Le 10 juillet à 19h30
À la place D’Youville
Au Festival d’été de Québec
Voir calendrier World/Reggae

À écouter si vous aimez /
Les enregistrements réalisés avec John Zorn, Kevin Breit et Trey Anastasio