Mory Kanté : Yéké Yéké!
Mory Kanté revient chez nous avec 14 musiciens et choristes dans le but avoué de faire un gros party pour la clôture du FIJM.
"Je vais vous faire la fête, me dit Mory Kanté en ricanant. À Montréal, je viens vraiment me défouler, quoi! Faire la fête."
Où était passé le fameux chanteur guinéen? Depuis le succès de Sabou en 2004, un superbe disque entièrement acoustique qui contrastait avec ses productions de la fin des années 80, on ne l’avait pas revu de notre côté de l’Atlantique. "J’ai beaucoup travaillé à Conakry, affirme l’intéressé. J’ai tourné sans arrêt. Cette fois, c’est l’Italie, la France, le pôle Nord, l’Argentine, le Japon. C’est la grande tournée qui marque le 20e anniversaire de Yéké Yéké." Vous souvenez-vous de Yéké Yéké? Le premier tube mandingue planétaire. Le jaillissement soudain d’une kora superbe, une voix nasillarde qui scande son chant sur une gamme pentatonique et la fusion totale de l’Afrique avec un beat infernal qui allait propulser cette chanson incompréhensible dans toutes les boîtes de nuit d’Europe. C’est à la demande du regretté Philippe Constantin, ex-patron de Barclay en France, que Mory avait remanié un beau matin ce titre qui figurait déjà sur le disque Mory Kanté à Paris. L’album Akwaba Beach et ses dérivés allaient atteindre alors le million d’exemplaires.
Entrepreneur, investisseur immobilier, impliqué dans mille projets dans sa Guinée natale, le chef d’orchestre a construit depuis un hôtel et même une cité de nouveaux logements dans le quartier de Nongo Village, lequel a été depuis rebaptisé de son nom. Kanté affirme aussi que ses deux studios d’enregistrement sont quasiment achevés. "J’ai aussi aménagé une salle de spectacle de 1400 places, poursuit-il avec passion. Je veux que les grands musiciens du monde viennent en Guinée pour travailler avec ces instruments traditionnels. Il fallait donc mettre sur pied des infrastructures de qualité, de normes internationales."
Il faut dire que l’homme vient d’une grande famille d’artistes. Son frère aîné Keita Fodeba fut l’architecte des grands ballets guinéens au début des années 50, et son grand-père griot avait choisi le petit Mory avant même sa naissance pour devenir le successeur, le gardien, le djani que les Occidentaux appellent "griot".
"À l’âge de quatre ans, je jouais du balafon. À huit ans, j’étais guitariste. J’ai fait l’école coranique, l’école de la tradition et l’école des Blancs. C’est très dur pour un enfant. Mais j’ai tenu. En sixième année, ils m’ont enlevé de l’école. Je ne sais quel moustique les avait piqués! On disait qu’on m’avait sacrifié."
Même s’il dirige au quart de tour une grosse formation, Kanté se sent encore investi d’une mission. Un djani, pense-t-il, peut aider à développer la culture africaine sur le plan industriel parce qu’il connaît mieux que personne les rouages et la spiritualité de cette société-là. Lui veut mettre sur pied un centre de formation aux métiers du spectacle et bientôt une grande école de musique traditionnelle. "Il y a beaucoup de joueurs de kora aujourd’hui, Dieu merci! mon souhait est exaucé pour ça. Maintenant, il faut que le monde entier vienne chez nous apprendre les instruments traditionnels et les utiliser comme je l’ai fait sur Sabou… Quand l’école sera ouverte, j’aurai rempli mon contrat!"
Le 6 juillet
Sur la scène General Motors
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À écouter si vous aimez /
Salif Keita, Alpha Yaya Diallo, Super Rail Band