The Weakerthans : Une fiction punk

Que reste-t-il de Propagandhi, ce groupe canadien phare de punk rock militant? Si vous vous souvenez bien, Propagandhi a eu son heure de gloire au Québec vers la moitié des années 1990. C’est de là que vient John K. Samson, bassiste de la formation, qui quitte le groupe en 1997 pour fonder The Weakerthans en compagnie de Jason Tait, de Stephen Carroll et de John P. Sutton (remplacé par Greg Smith en 2004).

Avec une approche plus mélodique et introspective, The Weakerthans ne peuvent plus se réclamer de la musique punk de sous-sol winnipegois. Ils se rattachent plutôt à un mélange de rock, de folk et de country aux paroles ennoblies par un véritable désir de fiction. À la manière du disque Nebraska de Bruce Springsteen ou du Bone Machine de Tom Waits, leur nouvel album, Reunion Tour, est une collection de portraits de personnages peuplant l’imaginaire de ces jeunes des Prairies.

"C’est un album qui en a confondu plus d’un, je dirais", confesse John K. Samson, joint à Fribourg, en Allemagne, alors que The Weakerthans tournent en Europe une bonne partie du mois de juin avant de revenir donner une série de spectacles au pays. "C’est qu’en vérité, le groupe ne s’est jamais séparé… D’un autre côté, on a remarqué une constance dans nos paroles, que le thème de la réunion n’est pas si étranger, au fond, à ces portraits de gens qu’on fait. Qu’est-ce qui est plus touchant et rassembleur que de parler des vies des autres?"

On admet toutefois que si séparation il y avait eu, la réunion des membres des Weakerthans aurait valu d’être soulignée tant le groupe a fait du millage par le passé. Un groupe rock canadien de 11 ans de longévité, c’est en soit une prouesse.

Prouesse soulignée tout de même avec un Reunion Tour réalisé par Ian Blurton, une légende du rock indépendant canadien, anciennement des Cowboy Junkies, qui a notamment travaillé avec le groupe québécois Le Nombre.

The Weakerthans a-t-il un son étiqueté "Prairies"? "Oui, je crois qu’il existe une sonorité des Prairies, et même une sonorité plus régionale, propre à Winnipeg", souligne John K. Samson. "Nous avons toujours été très près de Minneapolis par exemple, et les deux scènes se sont beaucoup influencées. À Winnipeg, c’est simple, notre son est lié au fait qu’on invente notre propre culture, dans les bars ou en spectacle. Si tu veux faire quelque chose, tu le fais, c’est pas plus compliqué que ça."

Soutenus depuis longtemps par CBC Radio 3, The Weakerthans rendent hommage plus que jamais dans leur dernier opus à leur ville et aux âmes qui l’habitent. On se souviendra que leur album précédent, Reconstruction Site, exhibait une pochette conçue par l’artiste prolifique Marcel Dzama, lui aussi de Winnipeg.

À l’image de la double origine du groupe, à la fois punk et littéraire, le nom même du groupe The Weakerthans ("les plus faibles que") sous-entend à la fois une "affirmation rageuse et une injonction sereine", nous dit John K. Samson. Comment survivre à la musique punk? The Weakerthans constituent peut-être une piste de réponse…

Le 4 juillet à 20h
Au parc de la Francophonie
Au Festival d’été de Québec
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À écouter si vous aimez /
Propaghandi, Grandaddy, The Constantines.