Torngat : Musique dont vous êtes le héros
Simple trio, Torngat déploie une force musicale atmosphérique habituellement produite par une demi-douzaine de musiciens. Une question de débrouillardise.
Un mois après la parution de son deuxième album complet, You Could Be, l’énergique trio instrumental montréalais Torngat montait sur les planches de la vitrine M pour Montréal, en octobre, prenant par surprise quelques journalistes et programmateurs européens. Si certaines formations post-rock bénéficient d’une demi-douzaine de membres pour générer leurs envolées oniriques et atmosphériques, les multi-instrumentistes Pietro Amato (aussi de Bell Orchestre et Luyas), Mathieu Charbonneau (Ferriswheel) et Julien Poissant (Junetool) ne comptent que sur leur propre débrouillardise pour reproduire en concert toute la charge émotive de leurs compacts. Ainsi, il n’est pas rare de voir Julien jouer du clavier avec sa main gauche, du bassdrum avec son pied droit, des cymbales avec son pied gauche et de la trompette avec sa main droite, le tout simultanément, bien entendu.
Fanfare glauque, rythmes déglingués, enivrant corps français et vols planés solennels, la musique de Torngat se veut aussi introspective que cinématographique. Un style rendu accessible par de mystérieuses mélodies de xylophones. "Nous aimons travailler les ambiances, mais avec le temps, nous avons constaté qu’il fallait aussi mettre l’accent sur les mélodies, explique Mathieu. Certaines d’entre elles sont si prédominantes qu’elles pourraient servir de ligne directrice en vue d’ajouter des voix, mais Torngat restera un projet instrumental. Nous ne sommes pas vraiment des chanteurs et nous ne voulons pas imposer des images à nos pièces; nous préférons que les gens s’inventent leurs propres histoires. Torngat est plus un groupe de sentiments."
S’il refuse d’altérer la perception de ses pièces en y ajoutant toute parole, le trio fondé au tournant des années 2000 n’aurait aucune objection à ce qu’un réalisateur utilise ses pièces en guise de trame sonore. "Je suis un gros fan des frères Coen. Je crois que notre musique servirait très bien la tension qu’ils installent dans leurs films. Autrement, Tim Burton serait aussi un réalisateur de choix pour Torngat, mais là, je rêve en couleur."
Le musicien avait d’ailleurs l’impression de rêver lorsque son groupe a été invité à se produire en première partie de Mùm lors d’un concert new-yorkais en novembre dernier. Il devra aussi se pincer cet automne, puisque Torngat entamera sa première tournée européenne. Mais avant, petit saut au FIJM pour présenter You Could Be et quelques nouvelles chansons offertes en primeur.
Le 5 juillet
Au Monument-National
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À écouter si vous aimez /
Bell Orchestre, Godspeed You Black Emperor!, Patrick Watson