Fleet Foxes : Récolte de rêve
Musique

Fleet Foxes : Récolte de rêve

Fleet Foxes est devenu la nouvelle sensation folk indé grâce à son premier album. Un voyage dans le temps, où les influences de la Renaissance s’unissent à celles du mouvement hippie du dernier siècle.

Il existe une loi non écrite chez les critiques de disques. Jamais tu ne donneras une note de cinq étoiles sur cinq. Quatre et demie peut-être, mais cinq, ça, non. La demi-étoile manquante s’acquiert en franchissant l’épreuve du temps. Or, le premier album complet de la formation folk américaine Fleet Foxes a forcé quelques scribouilleurs à transgresser cette règle. Dès sa parution, le 3 juin dernier, le disque éponyme a récolté quantité de notes parfaites, dont celle du magazine britannique Mojo et des journaux The Guardian et Sunday Times. En moins de deux, le quintette originaire de Seattle est devenu le nouveau chouchou de la presse alternative. Une pression considérable pour le jeune compositeur du groupe Robin Pecknold, qui à seulement 22 ans, est devenu la voix de la perfection.

Si Pecknold peut tout juste célébrer l’exploit en buvant légalement aux États-Unis, certains membres du combo apprécient la situation tout en prenant un peu de recul, dont le bassiste Christian Wargo (31 ans) et le claviériste Casey Wescott (27 ans). "C’est super, mais à la fin de la journée, la seule chose qui m’importe, c’est la musique, précise ce dernier. Tous les journalistes ont une sensibilité différente. Je lisais récemment une biographie de Ravel; lorsqu’il a composé son premier quatuor à cordes, certaines personnes lui conseillaient de changer le quatrième mouvement. Aujourd’hui, l’oeuvre est considérée comme un monument de la musique classique, et personne, mais absolument personne, n’oserait toucher au quatrième mouvement."

Fleet Foxes trouve ses racines dès le début des années 2000, au moment où le père de Robin lui offre sa première guitare acoustique, mais c’est en 2006 que la troupe se cimente. Découverte peu de temps après par le réalisateur Phil Ek (Built to Spill, Modest Mouse, The Shins), la formation signe rapidement un contrat avec l’étiquette Sub Pop qui lance le premier maxi du groupe, Sun Giant, en avril 2008, et l’album complet deux mois plus tard. Reproduction du tableau The Blue Cloak (De Blauwe Huik) peint en 1559 par Pieter The Elder Bruegel, la pochette du gravé annonce en partie les couleurs folk de Fleet Foxes. De par ses partitions de flûte (Your Protector), ses harmonies angéliques et ses mélodies empreintes de sérénité, le groupe est abreuvé autant du lyrisme de la Renaissance que de l’ataraxie du mouvement folk hippie des années 60 et 70.

Les membres de Fleet Foxes seraient-ils nés au mauvais siècle? "Certainement pas! Mais, le passé a quelque chose de très intéressant: il est possible d’y analyser la carrière d’un artiste en tenant compte de toute son oeuvre. Le temps nous offre ainsi un recul nécessaire pour bien critiquer quelqu’un, ce qui est impossible lorsqu’on se penche sur le travail d’un groupe moderne. C’est certain que la musique des années 60 nous influence, mais notre message n’a rien de nostalgique. Nous essayons simplement de nous exprimer à travers nos pièces, d’accoucher d’une musique qui nous ressemble. Nous ne voudrions pas retourner à l’époque baroque… Non, la médecine a trop progressé depuis!"

Le 15 juillet
Au Divan Orange avec There Were Valleys et Receivers
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À écouter si vous aimez /
Simon & Garfunkel, Brian Wilson, Joni Mitchell