Seun Kuti : L’Afrique en feu
Seun Kuti vient offrir son afrobeat incendiaire au public du Bluesfest d’Ottawa.
Seun Kuti n’est pas très bavard aujourd’hui. Peut-être que ses trois nuits de concerts-marathons en Californie lui ont finalement scié les genoux de grand dadais. Ou bien il est tout simplement dans sa bulle, comme un guerrier qui médite avant la prochaine bataille. Le leader nigérian nous confirme d’ailleurs que lorsqu’on s’enrôle dans une formation qui professe l’afrobreat comme la sienne, on se doit de s’impliquer à fond.
"On n’a pas le choix et il n’y a aucune autre manière de le faire. Celui qui pratique cette musique doit en faire une priorité dans la vie. Il doit y croire profondément, sans quoi il ne peut la jouer."
Forcément, en matière de musique et d’engagement politique, un Kuti, ça sait de quoi il parle. Au Nigeria, avant papa Fela, il y avait la musique de party et des chansons d’amour. Du jour au lendemain, l’afrobeat s’est imposé comme une arme de combat, un art populaire radicalement révolutionnaire et revendicateur. Sur l’album percutant qui vient tout juste de sortir, il y a même une chanson qui relate une sacrée bastonnade dont quelques membres de son groupe Egypt 80 ont été victimes. Encore un excès de zèle de la police de Lagos qui s’acharne depuis des lustres contre l’entourage du Black President!
"À l’exception de deux ou trois, les musiciens qui animent cette formation ont tous accompagné mon père sur scène, confirme Seun Kuti. Ils savent que le plus grand héritage de Fela, c’est sa musique, bien entendu, mais surtout le message qu’elle véhicule."
Sur la pochette saisissante du disque réalisé par le légendaire Martin Messonier, le chanteur impassible regarde l’Afrique qui brûle.
"Je n’attends rien de personne, surtout pas des politiciens. Regardez ce qui vient de se passer avec les élections au Zimbabwe. C’est une honte! Moi je ne suis ni optimiste ni pessimiste. J’observe, c’est tout."
On dépeint souvent son paternel comme un polygame excentrique et exhibitionniste qui aurait eu 8 femmes et quelque 32 enfants. Seun tient à me rappeler qu’ils sont 6 descendants directs et qu’il est le plus jeune. S’il a fait le grand événement du Festival international de jazz de Montréal l’an passé avec ses 17 musiciens, son grand frère Femi est déjà un habitué des scènes montréalaises et ottaviennes depuis une bonne douzaine d’années. "Nous sommes frères avant tout mais on ne se compare pas. On est chacun sur la route avec son groupe. Chacun fait son truc."
Le 10 juillet à 21h30
Sur la scène Blacksheep – Bluesfest d’Ottawa
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À écouter si vous aimez /
Fela Kuti, Femi Kuti, King Sunny Adé