Seun Kuti : Le feu de l'afrobeat
Musique

Seun Kuti : Le feu de l’afrobeat

Seun Kuti fait revivre Egypt 80. Une mission personnelle à caractère politique qui s’exprime dans l’afrobeat.

Si Femi Kuti est le prince héritier, Seun Kuti est le fils prodige. Le saxophoniste et chanteur de 25 ans du Nigeria, fils de Fela Kuti, a pris les rênes du groupe Egypt 80 avec la même passion que son père. La légende de Fela se perpétue et son fils cadet a décidé de reprendre le flambeau politique. Tout au long de cet entretien, le ton employé par l’artiste révèle la fougue qui l’habite. Une fougue très différente de celle de son frère aîné, qui s’est fait connaître sur la scène musicale bien avant lui. Le discours chez les deux frères se rejoint, mais avec le cadet, nous avons l’impression que la jeunesse enflamme une passion qui lui inspire des opinions catégoriques. Là où Femi exprime parfois une sagesse complaisante, Seun attaque et croit à la révolution.

Pour lui, l’afrobeat est un outil, un véhicule par lequel voyage un message d’émancipation et de liberté. Sa mission est claire et elle supporte l’Afrique noire et sa destinée. "L’afrobeat appartient au peuple noir, précise-t-il. C’est à nous! Personne ne pourra nous enlever cette arme. C’est une énergie encore plus forte qu’un mouvement politique. C’est encore plus fort qu’un mouvement social. À travers cette musique, c’est l’identité et le destin d’un peuple qui s’expriment. Je l’utilise afin de lutter pour le continent. Je veux la justice."

Pas de doute possible, le fils de la légende considère son métier d’artiste comme une vocation. Une vocation à caractère politique qui motive sa création. Après plusieurs années sur la route avec le groupe Egypt 80, l’artiste s’est enfin résolu à sortir son premier album en carrière. Sur Many Things, dont le visage (et les yeux enflammés) de Seun compose la pochette, nous retournons aux racines identitaires de sa culture. "Avec ce disque, je voulais respecter ce qu’était l’afrobeat à l’origine. Je ne voulais pas faire de compromis, être trop jazz ou me déconcentrer à trouver une façon de mettre cette musique au goût du jour. L’afrobeat ne vieillit pas! L’afrobeat, c’est maintenant! Ça se suffit à soi-même et c’est important de comprendre que c’est intemporel. C’est la seule langue que je connaisse pour m’exprimer tel que je suis."

C’est à l’âge de huit ans qu’il a commencé à jouer dans le groupe de son père. À huit ans seulement, il était au saxophone, entouré des autres musiciens d’Egypt 80, dont plusieurs sont encore présents dans le groupe. Pour lui, c’est une famille à part entière, des oncles et des frères. Amené à se prononcer sur la perception qu’a son frère Femi Kuti du travail qu’il a accompli au sein du groupe, Seun trouve une manière simple d’expliquer leur relation. "Nous sommes deux entités distinctes, deux individus. Nous sommes totalement différents. Je ne veux pas critiquer ce que fait mon frère, mais je sais que je ne ferais pas les mêmes compromis. Femi est très talentueux et il intègre dans sa musique des influences diverses. C’est la direction qu’il a choisie. Je ne sais pas s’il est fier de ce que je fais avec le groupe de mon père. Moi, je sais que je n’ai pas de difficulté à l’être."

Le 11 juillet à 21h30
À place D’Youville
Voir calendrier World/Reggae

À écouter si vous aimez /
Fela Kuti, Femi Kuti, King Sunny Adé