Steel Pulse : Poursuivre le combat
Steel Pulse maintient la ligne dure avec un reggae social et engagé. Le groupe britannique sera le clou de la 5e édition du Festival International de Reggae de Montréal.
Ça fait 33 ans que Steel Pulse existe et depuis ses débuts discrets dans les sous-sols de Birmingham en Angleterre, le groupe n’a jamais baissé la garde. Si d’autres se sont ramollis avec les années, Steel Pulse continue de dénoncer l’injustice et conscientiser ses auditeurs. Conscious reggae. Du reggae pour la tête, pour danser pas bête.
La formation a vu défiler, au fil des ans, un nombre impressionnant de musiciens dans ses rangs. Mais celui qui tient tout ça en place, c’est sans contredit David Hinds, chanteur et guitariste de Steel Pulse depuis ses débuts en 1975. En fait, de la formation originale, il ne subsiste que lui et le claviériste Selwyn "Bumbo" Brown.
Curieusement, Steel Pulse n’a fait paraître que 11 albums studio en plus de 30 ans! Le dernier au compteur, African Holocaust, remonte à 2004. "On ne prévoit pas de nouvel album avant l’année prochaine mais il est question que l’on sorte un DVD bientôt", précise David Hinds de son domicile à Birmingham.
Si le groupe a été assez prolifique jusqu’au début des années 90, il n’a jamais mis d’eau dans son vin, du moins pas sur le plan des textes car il faut bien admettre que la musique de la bande s’est graduellement éloignée du reggae roots des débuts pour incorporer des éléments de R&B et de rythmes urban. Il reste que chaque album de Steel Pulse est un manifeste incendiaire. Handsworth Revolution, Tribute to the Martyrs, True Democracy, Earth Crisis, State of Emergency, Victims, Rage and Fury… les titres parlent d’eux-mêmes.
De ses premiers concerts avec les groupes punk-rock de l’époque, Steel Pulse a gardé le côté vindicatif, militant et contestataire. Encore aujourd’hui, la lutte continue, comme en fait foi le site du groupe (www.steelpulse.com), dans lequel on peut retrouver beaucoup d’information concernant un certain… Barack Obama. "Nous appuyons sans réserve Barack Obama. Ça fait longtemps que nous le suivons. Je l’avais remarqué lors de la campagne de John Kerry il y a quatre ou cinq ans et je trouvais que son discours était très sensible, instructif et enthousiaste, lance avec ferveur David Hinds. À partir de ce jour, j’ai su que c’était le candidat idéal à la présidence. Je pense qu’il sera celui qui ira finalement chercher le vote du peuple noir. En général, les Noirs ne sont pas concernés par la politique parce qu’ils pensent que ce n’est qu’une variation sur le même thème. Tu as les Républicains et les Démocrates et c’est souvent du pareil au même. Aucun des deux partis n’a vraiment à coeur l’intérêt de l’Homme noir aux États-Unis. Donc plusieurs pensent que c’est une perte de temps que d’aller voter. Moi je dis que Martin Luther King ne s’est pas rendu aussi loin pour que le peuple noir ne vote pas! Il en est même mort! Les Noirs doivent donc tous se dire qu’il n’est pas mort pour rien. Aujourd’hui, les Noirs sont plus instruits que jamais aux États-Unis, ils sont plus au courant, plus intéressés, plus futés même. C’est certain qu’Internet y est pour beaucoup aussi. Je pense que nous allons voir la différence aux prochaines élections. D’après moi, ce sera la première fois que le peuple noir américain se lèvera et ira voter en masse!"
Si tout va bien, Steel Pulse devrait débarquer avec une dizaine de musiciens sur la scène du Festival International de Reggae dimanche soir. "On va jouer pas mal de tout, pas mal de vieux titres aussi. Puisque nous n’avons pas joué à Montréal et dans certaines villes des États-Unis depuis longtemps, nous sommes allés piger dans les archives."
Le 13 juillet
Au Vieux-Port de Montréal
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À écouter si vous aimez /
Peter Tosh, Linton Kwesi Johnson, Black Uhuru