Tribo De Jah : Pas froid aux yeux
Musique

Tribo De Jah : Pas froid aux yeux

Tribo De Jah est un groupe de reggae vraiment particulier puisque trois de ses membres sont des non-voyants.

L’histoire de Tribo De Jah est loin d’être banale. Formé en 1986 dans la ville de São Luís, capitale de l’État du Maranhão, le groupe est né au sein d’une institution pour non-voyants qui préconisait l’approche musicale comme thérapie.

C’est l’amour du reggae qui a d’abord uni les cinq membres originaux. Au départ, la formation jouait un peu de tout sur des instruments bricolés et faits maison. Ce n’est qu’après quelques concerts que Tribo De Jah a été remarqué par le chroniqueur radio et DJ Fauzi Beydoun qui ne tarda pas à se joindre au groupe en tant que chanteur, producteur et… guide.

D’origine libanaise et italienne, Fauzi Beydoun possède une culture générale impressionnante et parle plusieurs langues, dont le français. "Il faut savoir que l’État du Maranhão est une région considérée pour être en quelque sorte la Jamaïque du Brésil puisque, bien plus qu’ailleurs au pays, le reggae y est très populaire. Il y a beaucoup de groupes jamaïcains qui viennent jouer ici et qui connaissent un bon succès, alors que chez eux ils sont pratiquement inconnus", précise le chanteur, au volant de sa voiture lorsque nous l’avons rejoint. Il rigole d’ailleurs quand on s’assure que lui-même n’est pas un non-voyant! "Nous, on fait du reggae typique de cette région-là, en chantant en portugais. On appelle ça du Maranhão style!"

En 22 ans d’existence, le groupe a fait paraître 13 albums et écoulé plus de 1 000 000 de copies. Récemment, Tribo De Jah a lancé deux disques différents (à trois chansons près) simultanément, The Babylon Inside, chanté en portugais, et Love to the World, Peace to the People, tout en anglais. Pour la sortie nord-américaine, les deux galettes sont vendues en cd double, sous le titre The Babylon Inside. Aujourd’hui, deux des membres originaux ont quitté le navire, et un nouveau guitariste, qui n’a aucun problème de vision, préciserons-nous, s’est récemment joint à la formation qui compte maintenant six musiciens. "Nous venons de terminer l’enregistrement de notre 14e album, lance fièrement Fauzi Beydoun, qui en sera à sa deuxième visite en ville après un passage au Festival de Reggae de Montréal il y a deux ans.

"Nous préconisons une approche plus old-school du reggae. Nous aimons tous le reggae des années 70, des chansons à caractère plus humain, avec des messages. Nos paroles touchent à des aspects sociaux ou politiques, on a pas mal de chansons d’amour aussi, mais nous ne faisons pas de ragga parce que c’est trop électronique. Nous ne sommes pas fermés aux innovations, mais nous sommes surtout reconnus pour faire un reggae roots, quoi. Ça cadre avec notre thématique plus pure et politisée, on ne fait pas de concession au système." Comme quoi les Tribo De Jah ne restent pas aveugles à ce qui se passe autour d’eux!

Le 17 juillet
Au National

À écouter si vous aimez /
Wailers, UB 40, Morgan Heritage