Wyclef Jean : Roi carnaval
Musique

Wyclef Jean : Roi carnaval

Ex-Fugees, musicien, réalisateur, activiste, ambassadeur et quoi encore? Même s’il a coupé ses dreads depuis longtemps, Wyclef Jean voit son CV, comme sa tête, gonfler sans arrêt.

Récemment nommé ambassadeur de bonne volonté pour Haïti, le fils adoptif d’un pasteur de la banlieue de Port-au-Prince fait la navette entre la Perle des Antilles et les États-Unis depuis quelques années, cumulant les engagements. Un train de vie qu’il s’impose par humanisme. Ce désir de rendre le monde meilleur, de donner aux moins nantis se traduit même sur les planches: "Nous apportons la technologie sur scène. Quand j’arrive, vous pénétrez dans la session studio de Wyclef. La vibe du show résidera dans la démonstration des technologies qui nous ont permis de créer mes albums. Ainsi, les jeunes pourront nous regarder et se dire: "Wow, je peux faire la même chose!"", clame le musicien, secondé par son "cousin Jess" sur scène. "Mon spectacle a l’énergie d’Haïti, je ne fais jamais deux fois la même chose et cette fois, je pense qu’on a vraiment quelque chose d’intéressant."

Qu’on aime le personnage ou pas, il faut bien admettre que Jean possède le don de s’adresser à tous: "Une bonne chose avec moi, c’est que je me réinvente toujours. Il y a les nouveaux fans de Wyclef, les anciens fans des Fugees et de Carnival, je veux donc bien mélanger l’ancienne et la nouvelle école." Son naturel légendaire l’a même conduit dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince pour s’entretenir avec des jeunes de la rue dans le cadre du documentaire Ghosts of Cité Soleil: "Je suis né à Croix-des-Bouquets, puis j’ai déménagé à Brooklyn où j’ai eu quelques problèmes, et ma mère a dû déménager au New Jersey. Je parle à tout le monde parce que j’aurais pu devenir n’importe quoi. J’ai bien tourné, et c’est peut-être pour aider ceux qui n’ont pas eu ma chance. Ma musique est commerciale, mais je ne le suis pas. J’affronte la violence de front, c’est le seul moyen de voir des changements réels", plaide-t-il.

Sak Pasé ("Comment ça va" en créole haïtien), l’étiquette fondée par Clef, est d’ailleurs à la recherche de talents, et le Québec est dans la mire: "Nous commençons à chercher de nouveaux talents, on voit bien que le Québec est une vraie mine d’or. Le hip-hop vernaculaire est en train de prendre le devant de la scène en Haïti et je pense que ça va s’étendre dans la diaspora. Nous ne recherchons pas seulement les artistes créoles, mais il doit y avoir un élément de métissage: créole, français, espagnol… Wyclef Jean aurait pu être un artiste sous contrat avec Sak Pasé", explique avec passion le dénicheur de talents.

Aussi à l’aise avec les chimères qu’avec le président haïtien ou le futur président américain (Obama lui a déjà confié qu’il ne cessait d’écouter The Carnival), l’ex-Fugees semble investi d’une mission divine qui transcende chacune de ses sphères d’activité. C’est indéniable, Wyclef a la grosse tête. "Les gens m’aiment, c’est la meilleure façon de le dire. Ça déborde!" allègue-t-il au cours de l’entrevue. Pourtant, il passe dans tous, mais vraiment tous les cadres de portes, des taudis de Cité Soleil à la Maison-Blanche. Qui dit mieux?

Le 11 juillet à 22h
Sur les plaines d’Abraham
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À écouter si vous aimez /
The Fugees, Bob Marley, Akon