Bon Iver : L'hiver en juillet
Musique

Bon Iver : L’hiver en juillet

Après une rupture difficile, Bon Iver, alias Justin Vernon, s’est isolé trois mois dans une forêt du Wisconsin pour produire l’un des meilleurs albums folk de l’année. Place au concert.

"Après la séparation, j’avais perdu confiance en moi. Je devais prendre un peu de recul. C’est là que j’ai décidé de me retirer sur la terre de mon père", explique Justin Vernon, Américain de 27 ans derrière le projet Bon Iver. Entouré de 80 acres de terre à bois, enfermé dans ce qu’il décrit comme "une cabine de deux pièces", Justin y a exorcisé sa peine, armé d’une guitare, d’un ordinateur portable et d’un micro. En résulte For Emma, Forever Ago, un compact enregistré de novembre 2006 à janvier 2007, immortalisant neuf chansons intimes et criantes de sincérité. Mais n’allez pas croire que le compositeur y pleure la perte de sa dulcinée. La rupture, aussi dévastatrice soit-elle, est plutôt celle de son ancien groupe, DeYarmond Edison, avec qui Justin a partagé 10 ans de sa vie.

"Je m’étais aussi séparé de ma copine de l’époque, mais c’est la fin du groupe qui m’a vraiment fait mal. Je considérais les autres membres comme mes frères, mes meilleurs amis. C’était difficile d’imaginer ma vie sans eux, mais maintenir le groupe en vie était devenu impossible."

Chantant dans un registre aussi haut que celui de Neil Young à ses débuts, Justin ouvre l’album avec Flume. "I am my mother’s only one / It’s enough" sont ses premiers mots. Doublée, voire triplée – "certaines pièces comptent jusqu’à 20 pistes de chant" -, sa voix crée un effet enveloppant. Trottant derrière, sa guitare se veut simple, s’assurant de tenir le rythme et de structurer l’épidémique mélancolie. Après une seule minute d’écoute, celle qu’on ne saurait vous conseiller davantage, la mer Morte vous monte aux yeux. L’envie de prendre le musicien dans vos bras s’atténue quelque 37 minutes plus tard, à moins bien sûr que vous fassiez rejouer l’album illico.

"J’ai passé par plusieurs stades d’émotion à travers ces trois mois. J’étais triste au début, mais graduellement, j’étais heureux de me retrouver seul en forêt. C’était plutôt zen et inspirant. Je me levais en même temps que le soleil. Je passais mon temps à composer, à travailler dans le bois et à chasser le chevreuil." Justin en aurait tué deux, une quantité suffisante pour se nourrir dans la froideur de l’hiver.

Ces conditions ne sont pas étrangères au choix du nom Bon Iver. "Au départ, je ne savais même pas que Bon Iver était une expression francophone. Je me souvenais simplement d’une vieille histoire à propos d’une ville anglophone en Alaska, où, le jour de la première neige, les gens sortaient dans la rue pour se souhaiter bon hiver. J’ai appris qu’il s’agissait de deux mots français après avoir baptisé mon projet. Je l’avais déjà mal écrit et j’ai conservé l’erreur."

En concert cette semaine à Montréal, Justin s’entourera de quatre autres musiciens, preuve qu’il y a une vie après DeYarmond Edison. "Hey! Il faut atteindre les bas-fonds pour mieux remonter à la surface", conclut-il, sourire aux lèvres.

Le 23 juillet
Au Cabaret du Musée Juste pour rire
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