Mick est tout seul : Mickey 1D
Mick est tout seul, c’est le projet solo du chanteur de Mickey 3D, l’un des plus importants groupes français en ce début de 21e siècle. Entretien avec un solitaire rassembleur de passage à Sherbrooke.
Avec Mickey 3D, Mickaël Furnon a conquis la France, celle-là même qu’il décrivait comme légèrement paranoïaque et égoïste dans son tout premier tube La France a peur, qu’on retrouve sur l’album Mistigri Torture. La pop folk-rock de cette formation engagée n’a rien de sirupeuse. C’est à coup de chansons tricotées à la grosse laine que ce groupe révélé au grand jour par Louise Attaque est devenu le phénomène francophone qu’on connaît aujourd’hui. "Je prends tout ça comme une chance, car j’ai fait de la musique pendant 15 ans avant d’avoir du succès, explique celui qu’on surnomme Mickey. Ce qui m’intéresse, c’est de faire de la musique et de partager des choses. Lorsque Mickey 3D s’est mis à marcher, j’ai pris ça comme la cerise sur le gâteau. Quand ça s’arrêtera, je serai content de l’avoir vécu. On a joué partout. Sur les plus belles scènes de France, dans les plus gros festivals. Je ne peux pas demander mieux. On a eu des disques d’or, des Victoires de la musique… Tout ce qu’on peut avoir, on l’a eu. J’ai beaucoup de chance."
Le groupe a également le mérite de ne pas trop presser le citron. Après la tournée de Matador, son dernier album, les membres de Mickey 3D se sont offert une pause d’une durée indéterminée. "C’est un gros stand-by depuis 2006. En 2007, j’ai voulu faire un album solo parce que j’en avais besoin, et en 2008, je fais presque rien. Je me repose physiquement et mentalement. En fait, la seule chose que je fais cette année, c’est aller au Québec." Mickey 3D sera-t-il de retour en 2009? "Il n’y a rien d’établi pour l’instant. Je ne réponds même pas à la question moi-même."
SOLITAIRE ET SOLIDAIRE
Avec Mick est tout seul – "Je n’avais pas envie d’utiliser mon nom. Comme mon surnom est Mickey, ça fait un jeu de mots. En fait, je n’ai pas réfléchi plus que ça." – et l’album solo Les Chansons perdues, Mickaël Furnon s’est permis un retour à l’essentiel. Il s’agit d’une avenue que plusieurs folksingers empruntent à l’occasion afin de présenter des chansons dans leur plus simple appareil. "Je n’avais jamais joué ou fait de disque tout seul. Ça me faisait peur, mais j’étais assez excité par ça. Je suis passé dans tout un tas de salles où je ne serais jamais allé avec Mickey 3D. J’ai pu jouer dans des théâtres, tout nu avec ma guitare. J’ai trouvé ça bien, car j’ai beaucoup appris. Ce que j’aime dans ce métier, c’est de ne pas toujours faire la même chose."
Mickey 3D étant considéré comme un groupe engagé, est-ce que Mick est tout seul constitue le véhicule idéal pour revenir à une approche plus intimiste? "C’est un peu ça, oui. En groupe, il m’arrive de raconter des trucs un peu personnels, mais il est plus facile d’aller à l’intérieur de soi quand on est tout seul et de revendiquer des choses quand on est plusieurs."
Certains thèmes reviennent à la suite de l’introspection de Mickey. Plusieurs des Chansons perdues abordent le rêve et l’enfance. "Ce sont des choses qui s’imposent. Je ne pourrais pas les expliquer, car il est dur de prendre du recul sur ce qu’on écrit. Il faudrait que je fasse une psychanalyse. Ça doit faire partie de mon inconscient, de mon intérieur d’avoir envie de rêver ou de revenir en enfance, une période fort agréable. Je pense que les adultes doivent garder un peu d’enfant en eux pour ne pas trop faner."
Toutefois, le regard qu’il porte sur l’état du monde n’a rien d’enfantin. Lorsqu’il est en 3D, Mickey a la capacité de souligner les travers de la société par des chansons qui ne ratent pas leur cible, car les mots choisis sont justes. "Je n’ai jamais voulu entrer dans le jeu politique, précise-t-il. Je préfère rester dans l’engagement citoyen. Je me sens plus comme un citoyen du monde qui s’exprime. Quand j’ai envie de dire quelque chose, je le dis, que ce soit en chanson ou pas."
"Je ne me sens pas de responsabilité à ce sujet. Hier, il y avait un reportage à la télévision sur Bob Dylan. Il disait: "Ce n’est pas parce qu’on soutient les plus faibles qu’on est militant." On peut avoir envie de dire ce qu’on pense sans se sentir une responsabilité de leader. Je considère la musique comme un divertissement."
Malgré tout, est-ce que les chansons de protestation peuvent fonctionner, avoir des retombées concrètes? "Je ne pensais pas, mais on a eu pas mal de retours par rapport à la chanson Respire [de l’album Tu vas pas mourir de rire…]. Des parents nous ont dit: "Cette chanson a beaucoup marqué nos enfants et ça nous a permis de discuter avec eux de certaines choses." Dans ce cas-là, on était assez contents. Si ce que j’ai pu exprimer sur l’écologie et l’avenir de la planète a pu interpeller des enfants qui ont pris conscience de certaines choses, j’en suis ravi."
Le 31 juillet à 20h
Avec Jenni Ferand et H-Burns
Au Théâtre Granada
Voir calendrier Chanson
À écouter si vous aimez /
Mickey 3D, Indochine, Renaud
INDOCHINE, BIRKIN ET CIE
Mickaël Furnon collectionne les collaborations. Il a offert des chansons irrésistibles à Indochine (J’ai demandé à la lune, un hit gigantesque en France), à Jane Birkin (Je m’appelle Jane, qu’il interprète en duo avec elle) et à bien d’autres. "J’aime les collaborations, car ça me permet de varier les plaisirs. C’est bien parfois de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre et d’essayer d’écrire pour cette personne. C’est excitant." Mick a de nombreux amis; il n’est pas toujours seul.