David Martel : L’art de renaître
David Martel s’est donné une seconde chance avec l’album I Hardly Knew Me. Un disque révélateur qui s’impose.
Le chanteur semble filer le parfait bonheur. Son disque I Hardly Knew Me reçoit un accueil favorable et trouve vie sur la scène, où David Martel est dans son élément. "C’était ma première visite à Québec lors du Festival Off cet été, se rappelle-t-il. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Quand j’ai vu que les gens s’étaient déplacés au Bal du Lézard et qu’ils connaissaient certaines chansons, c’était génial! Ça fait du bien. C’est là que je me trouve chanceux de faire ce que je fais."
Un dénouement heureux si on considère qu’il s’est permis de remettre en question sa carrière après quelques aventures au sein de formations qui n’ont pas trouvé d’issues concluantes. C’est une rencontre avec le réalisateur Dave A. Sturton qui allait tout changer et lui donner un second souffle. "C’est à Montréal qu’il m’avait entendu sur scène, il y a quelques années. C’était l’impasse pour moi à cette époque. Le groupe dans lequel j’étais n’allait nulle part et j’étais découragé. Ça fait quand même un certain temps que je fais de la musique et, à un moment, on en vient à se poser des questions. On se demande si ça vaut la peine de faire ça à temps plein pour aussi peu de résultats. Dave m’a donné une autre lecture de la situation: j’avais un contrat de disque et je pouvais repartir à neuf."
Ce nouveau départ allait se concrétiser dans cette association inespérée qui a poussé l’artiste à trouver une nouvelle inspiration. Une collaboration ouverte où la réalisation s’est exprimée dans un cadre éclaté, sans hiérarchie imposée. " Si tu veux un exemple, tu prends la chanson Cancel All Your Plans, indique-t-il. C’est en plein ça! Le challenge, c’est de communiquer l’énergie qu’on peut sentir sur scène. Lorsqu’on enregistre en studio, on se retrouve en face d’un micro et d’un mur… C’est plutôt froid comme ambiance. Dave, lui, il veut capter des moments, il veut créer des instants uniques qui se démarquent. Il me proposait constamment d’inviter des gens pour les sessions, des amis musiciens, afin de créer une atmosphère et d’avoir un feeling live. D’ailleurs, pour cette chanson, la première partie est un enregistrement extrait d’un spectacle solo que j’avais donné au Lion d’Or. Par la suite, nous avons élaboré une deuxième section avec une instrumentation complètement différente. Tout s’est fait en trois ou quatre sessions. C’était vraiment une aventure!"
Enraciné dans le folk, le tandem a transposé les compositions de Martel dans un registre élaboré, où l’instrumentation a joué un rôle fondamental. Avec le claviériste Nicholas Williams, le duo allait devenir trio et chacune des pièces qui se retrouvent sur cet opus est constituée d’une forme de noyau dur, au dire de l’artiste, sur lequel l’expérimentation a pu s’asseoir en toute confiance. "Il y a une question qu’on se posait constamment: "La chanson, elle est où?" Et avec Dave, la magie peut exister en studio et c’est ce qu’il veut enregistrer. Il n’y a pas de pause, le micro est à on! Yours and Mine, elle s’est construite de la sorte. Cette chanson s’est créée à trois: Dave et Nicholas et moi. Le piano était désaccordé, ce qui était intéressant, et j’avais enregistré la batterie. C’était un peu sloppy comme jeu de drum… Mais dans l’ensemble, tout y était! Nous avons invité les autres musiciens pour réenregistrer le piano et la batterie. On s’est permis d’embellir le tout et même de reconstruire cette pièce… Ça ne marchait pas. Nous sommes revenus à l’enregistrement initial et c’est cette piste maîtresse que nous avons conservée pour le disque."
Avec une personnalité musicale qui s’est forgée dans le punk-rock, Martel s’exprime maintenant dans une écriture beaucoup plus introspective. Après quelques épreuves personnelles, l’auteur a concentré son écriture sur des sujets qui font corps avec sa propre vision de la vie et une forme de réconciliation qui, elle, s’est élaborée avec le temps. Lorsque l’on voit l’inscription awareness ("conscience") à l’intérieur de son disque, on pourrait presque y lire une recherche de mystique… "Là, tu pousses un peu trop loin, précise-t-il en riant. Je suis pas mal plus shallow que ça dans la vie. En fait, c’est une forme de clin d’oeil à l’importance d’être engagé socialement. C’est ma seule contribution à ce titre sur ce disque. Je proviens d’un milieu punk-rock où la revendication est très importante. Disons que c’était pas mal ancré dans des valeurs issues de la gauche. Je regardais l’ensemble des compositions qui se retrouvent sur I Hardly Knew Me et je me rendais compte qu’il n’y avait aucune chanson engagée. J’ai même essayé d’en écrire une lors de l’enregistrement de l’album, mais ça ne marchait pas. Je suis parfois cynique en face des artistes qui s’engagent dans une cause sociale."
Le 2 août à 21h
Sur la scène du Séminaire de Québec
Dans le cadre de l’International de musique folk de Québec
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À écouter si vous aimez /
Patrick Watson, Jeff Buckley, John Frusciante