The Stooges : De bruit et de fureur
Musique

The Stooges : De bruit et de fureur

Qui aurait prédit voir un jour les Stooges réunis sur scène, plus de 30 ans après leur sabordage? Et qui s’en plaindra?

J’ai découvert les Stooges à 14 ans, grâce au grand frère d’un ami d’école qui avait les trois albums du band maudit de Ann Harbor (Michigan): The Stooges, Funhouse et Raw Power. Trois disques que je ne me lassais jamais d’écouter chaque fois que j’allais chez lui. Ex-junkie encore aux prises avec ses démons, le grand frère en question ne tenait pas du tout à entendre la furie démentielle du band d’Iggy Pop quand il était à la maison. Chaque fois que j’écoutais un des disques, il descendait les trois étages pour se rendre jusqu’au sous-sol et retirer brusquement le vinyle de la platine. Immanquablement, je remettais le disque dès qu’il tournait les talons. Un jour, excédé, il me regarda droit dans les yeux en me disant: "Toi, si tu continues à écouter ça, tu seras bientôt junkie!"

Plusieurs années après, je ne suis toujours pas devenu junkie, mais j’écoute encore les Stooges.

Groupe-culte serait un euphémisme pour décrire cette formation qui n’a fait paraître que trois albums entre 1969 et 1973 (suivis d’un nombre incalculable de bootlegs et de disques semi-officiels), tous reçus assez froidement par la critique et le public de l’époque. En quelque six ou sept ans d’une existence erratique ponctuée d’abus et d’excès de toutes sortes, le gang allait marquer à jamais l’histoire du rock’n’roll et surtout du punk avec sa musique sauvage, incendiaire et terriblement sexy. Combien de formations se sont réclamées et se réclament encore aujourd’hui des Stooges?

ALLER-RETOUR EN ENFER

Contre toute attente, un seul membre est tombé au combat (le bassiste Dave Alexander en 1975) et les trois principaux protagonistes, le chanteur Iggy Pop, le guitariste Ron Asheton et son batteur de frère Scott Asheton (sans oublier le guitariste de l’épopée Raw Power James Williamson) ont miraculeusement survécu à de terribles descentes en enfer. À ce propos, parents, notez ceci: Les Stooges ne sont pas l’exemple à utiliser pour montrer à vos enfants que l’héroïne tue…

De groupe de désaxés incontrôlables à ses débuts, les Stooges sont devenus un véritable mythe vivant, surtout depuis 2003, alors que les frères Asheton et l’Iguane ont mis leurs différends de côté pour reprendre du service, près de 30 ans après s’être quittés dans un brouillard opiacé et éthylique. Aujourd’hui, le groupe, accompagné du bassiste Mike Watt (ex-fIREHOSE et Minutemen) et du saxophoniste des vieux jours, Steve MacKay, a fait paraître un album (The Weirdness en 2007), un disque plutôt moyen, avouons-le, et parcourt le monde sans répit. "On s’est d’abord retrouvés, mon frère et moi, à collaborer avec Iggy pour son album solo Skull Ring en 2002, puis pour un show-réunion au festival Coachella en 2003. Ce qui ne devait être qu’un concert unique s’est rapidement transformé en une tournée internationale", relate joyeusement Ron Asheton de son domicile de Ann Harbor, le seul Stooges vivant encore dans la ville qui a vu naître la formation en 1967. "Depuis, nous parcourons le monde, nous qui n’avons pratiquement que joué aux États-Unis à l’époque. Ce sera d’ailleurs notre toute première fois à Montréal! Nous jouons évidemment pas mal de vieux morceaux, des obscurs comme des incontournables, mais aussi plusieurs de notre nouvel album, The Weirdness. L’enregistrement de ce disque s’est déroulé comme un charme. Aucun pépin, rien à voir avec les sessions de studio de fous que nous avions à l’époque. Écoute, on a composé 42 chansons pour ce disque, alors inutile de te dire qu’il en reste pas mal pour un suivant. Même que nous en avons composé cinq ou six nouvelles depuis!"

Le 3 août à 20h.
Au parc Jean-Drapeau
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À écouter si vous aimez /
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