Jack De Keyzer : Le blues au coeur
Le vétéran Jack De Keyzer revient partager son amour du blues avec les Montréalais au FestiBlues.
"Je donne environ 150 concerts par année depuis des années", avoue candidement le bluesman, dont le premier album portait le titre emblématique de Hard Working Man. Joint au téléphone à Myrtle Beach où il trompait brièvement notre été pourri, Jack De Keyzer ne s’est guère autorisé de répit depuis ses débuts au sein des défuntes formations The Bop Cats et The Rock Angels, dans les années 80. Formé par ces genres qui découlent du blues, qu’il considère à juste titre comme la pierre angulaire de toute la musique populaire nord-américaine (du jazz au rock, en passant par le soul, le folk et le country), le chanteur et guitariste canadien s’est imposé comme une valeur sûre, ainsi qu’en témoignent ses trophées Maple Blues Awards bien mérités.
De son exemplaire parcours qui, en 30 ans, lui a permis de côtoyer certains des plus grands noms des scènes blues et rock (Etta James, Otis Rush et le groupe Blue Rodeo, entre autres), De Keyzer garde un souvenir impérissable du temps passé auprès de Bo Diddley. "Il a été une influence majeure; c’était l’un des premiers à introduire des rythmes vraiment funky dans la musique populaire dans les années 50, alors que tout le monde jouait sur des rythmes assez carrés. Et quand j’ai joué avec lui dans les années 90, Diddley s’essayait au rap, il se gardait à la page, vous comprenez. Je crois fermement en la nécessité de garder la musique moderne, vivante, en constante évolution."
S’il lui faut citer un modèle, De Keyzer s’identifie toutefois plus volontiers à B.B. King, ne serait-ce que pour son admirable longévité, la diversité de son inspiration, sans oublier la maîtrise de son instrument. Quant à la coloration jazzy de son propre jeu, le guitariste l’attribue à la fréquentation de l’oeuvre de ses maîtres d’antan, les Wes Montgomery, Kenny Burrell et consorts. "Plus je joue de la guitare, plus j’essaie d’élargir ma palette, d’approfondir mon vocabulaire. Et mes guitaristes de jazz préférés ont toujours été ceux dont le lien avec le blues était le plus manifeste. Peut-être qu’un jour j’essaierai, comme Duke Robillard, de faire un album de jazz, c’est un défi qui m’intéresse."
Habitué des festivals de jazz de Montréal et de blues de Mont-Tremblant (il était des deux manifestations cette année), De Keyzer connaît bien le public de la Métropole et des environs, dont il apprécie la chaleur et l’enthousiasme. Cet engouement pour le blues, le vétéran s’en réjouit, est assez généralisé, autant dans les grands centres que dans les petites localités, même si l’on a parfois la fausse impression que cette musique n’intéresse qu’un public marginal. "Qu’il lance un appel à la danse et à la fête ou qu’il se donne des airs de chroniques de nos petites misères, le blues reste toujours direct. C’est ce qui le rapproche du conte et qui parle aux gens."
Les 7 et 8 août
À la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville
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À écouter si vous aimez /
B.B. King, Jeff Healey, Colin James
FESTIBLUES
Pendant quatre jours, les nombreux amateurs de blues montréalais pourront profiter de la quarantaine de spectacles en salle et en plein air lors de cette 11e édition du FestiBlues. L’événement débutera au parc Ahuntsic avec la très populaire Pascale Picard. Les fanas de blues pur et dur pourront se régaler avec la venue du célèbre guitariste Coco Montoya ainsi qu’avec le Vic Vogel Big Band et ses invités spéciaux (Pagliaro, France D’Amour, John McGale, Rick L. Blues), le 9 août. Soulignons aussi la soirée Je blues en français le 8 août, toujours au parc Ahuntsic, avec Luck Mervil, Kevin Parent, Anik Jean, l’harmoniciste français Nico Wayne Toussaint (aussi en concert le 7 août) et plusieurs autres. Papagroove, Mumbo Jumbo, Feu Follet (soirée cajun), The Boppin’ Blues Band, Clio & The Blueshighway et Steve Strongman seront aussi de la programmation extérieure. À l’intérieur, à la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville, le groupe français Cotton Belly’s chauffera la salle pour Jack De Keyzer les 7 et 8 août ainsi que pour David Rotundo le 9 août, en plus de jouer à l’extérieur le 9 aussi. Du 7 au 10 août au parc Ahuntsic et à la maison de la culture Ahuntsic-Cartierville. Info: www.festiblues.com. (P. Baillargeon)