Mell : Dans les dents
Musique

Mell : Dans les dents

Attention, Mell se pointe et elle n’est pas là pour se morfondre. Place à la bête de scène.

S’entretenir avec Mell pourrait nous laisser sur nos gardes. Après l’avoir vue sur scène, il y a de quoi se poser une question: comment sera la bête aujourd’hui? Imaginez un clone féminin de Jacques Higelin. "C’est très flatteur comme comparaison. J’ai rarement vu Jacques Higelin en personne, mais c’est vrai que la première fois que je l’ai vu, je me suis dit: "Wow! Ce mec, il m’a piqué des trucs.""

Avec son dernier disque, C’est quand qu’on rigole, la chanteuse s’impose tout entière cette année au Québec avec deux séjours prolongés en deux mois, une suite logique pour la lauréate du prix Félix-Leclerc en 2007. Celle qui va droit au but dans ses textes, et qui se permet de provoquer sans arrière-pensées, réfléchit sur son évolution musicale qui a pris le temps de mûrir avec Mon pied en pleine face et Voiture à pédales, ses deux premiers albums.

"Le premier album, je le trouve très nombriliste et même adolescent, constate l’artiste de 25 ans seulement. J’avais 18 ans à l’époque et tous les textes étaient concentrés sur moi uniquement. Je crois qu’avec le deuxième, j’ai pu avoir un peu plus de recul. C’était la première fois, en fait, que je retravaillais mes textes à répétition. Avant, je les laissais tels quels, au premier jet. Avec C’est quand qu’on rigole, je crois que nous avons atteint le juste milieu. Le premier album était très "chanson classique" et le deuxième voulait trancher radicalement avec cette image. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir atteint un équilibre."

Partisane de la non-censure, Mell peut choquer avec un charisme propre à celles qui sont en mesure de ne pas trop se prendre au sérieux. Une attitude qui atteint son paroxysme lorsqu’elle se laisse aller à la démesure. "Je constate quelquefois que je ne maîtrise pas tout à fait ce que je raconte, constate-t-elle. Ça me dépasse, si tu veux. Du coup, il y a des gens qui réagissent. Pour le deuxième album, entre autres, nous avions vraiment voulu vulgariser certaines choses avec des propos plus durs que d’habitude. Beaucoup de gens se sont arrêtés à la vulgarité de certains mots. Mais je ne suis pas vulgaire pour être vulgaire. Il y a toujours une idée qui justifie ces mots, un désir de dénoncer quelque chose. La vulgarité, si elle sert un propos, devient très intéressante."

Ce désir, elle l’exprime aussi sous la forme d’un livre intitulé Qultures, qui fait suite aux paroles exprimées sur son dernier opus. Une écriture qu’elle décrit comme totalement libre et sans réserve. L’artiste cultive avec soin une polyvalence toujours teintée de dénonciation.

"Pour moi, c’est un trait de ma personnalité très important, affirme-t-elle. La chanson K.O. social en est un très bon exemple. Elle est encore très actuelle en plus, alors qu’au moment où je l’ai écrite, nous étions en novembre 2005, lors des émeutes des banlieues à Paris. Rien n’a changé, la même chose se produit aujourd’hui avec le nouveau président. Je n’ai pas la prétention de changer quoi que ce soit, j’ai plutôt l’impression de prêcher pour des convaincus. Ça reste tout de même très important d’avoir cette conscience et de l’exprimer."

Les 12 à 20h30
À l’Agora Port de Québec

Le 14 août à 20h
À l’Espace 400e

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À écouter si vous aimez /
Les Têtes raides, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine