Moby : Des lendemains qui chantent
Musique

Moby : Des lendemains qui chantent

Moby revient à ses années de clubbing new-yorkais sur Last Night.

Vétéran de la scène électro et superstar de son état, Moby viendra jouer au DJ derrière les platines lors de la présentation du Chemin qui marche, qui aura lieu à la nouvelle baie de Beauport ce vendredi. Il en profitera pour faire tourner quelques remix de son nouvel album, Last Night.

"Last Night est un condensé de 65 minutes d’une soirée de clubbing à New York, résume laconiquement Moby. Une des choses qui m’a toujours plu de la musique dance à New York, c’est son éclectisme. Tu peux sortir dans 10 endroits différents en une seule soirée et ne jamais entendre la même musique deux fois. Ce sera du hip-hop ici, du disco par là, de la musique électronique expérimentale, du funk, de la house… J’ai voulu montrer cette large palette de couleurs sur ce disque."

Last Night est donc un album-concept, mais pas du tout dans l’idée que se fait un amateur de prog des albums-concepts. C’est plutôt un tour d’horizon tel que le perçoit Moby, et non pas un hommage déguisé à la club culture new-yorkaise. "C’est un disque qui est autant inspiré par l’état actuel de la musique dance à New York que par mon passé de clubbeur", insiste celui qui est aussi connu sous différents pseudonymes tels que Voodoo Child, Barracuda, UHF, The Brotherhood, Schaumgummi, DJ Cake, Lopez, Brainstorm & Mindstorm ou The Pork Guys. "Tu me demandes si c’est un disque rétro? Mmm… Nnnon, hésite-t-il. Rétro s’applique quand tu essaies de recréer fidèlement quelque chose du passé, alors qu’un disque comme celui-ci est plutôt inspiré par le passé. En fait, je dirais que la musique dance traverse une période nostalgique, mais ce n’est pas triste comme nostalgie. Quand tu vois des DJ de 22 ans faire jouer des chansons disco des années 70, c’est sympa. Je pense que ça montre même une certaine ouverture d’esprit." À ces mots, nous répondons que la tendance rétro ne s’applique pas qu’à la musique dance mais bien à l’ensemble de la musique dite populaire et que cela peut aussi signifier que la plupart des musiciens ou producteurs sont possiblement en manque d’inspiration et qu’il est plus facile pour eux de recopier ou calquer ce qui s’est déjà fait auparavant, en le modernisant légèrement. "La plupart des producteurs de musique dance que je connais s’inspirent beaucoup de l’histoire de la musique dance. Et c’est ce que j’ai tenté de faire sur cet album. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il s’est fait tellement de choses extraordinaires ces 30 ou 40 dernières années en musique populaire qu’il est quasiment impossible de ne pas s’en inspirer d’une façon ou d’une autre. Je ne veux pas dire par là que ce qui se fait aujourd’hui est moins bon qu’hier, je pense que c’est juste différent. Par contre, je serais bien embêté de te parler de la musique d’aujourd’hui que j’aime puisque j’achète presque tout en ligne et je mets ça sur des CD sans indiquer le nom de l’artiste, je note simplement le style ou ce à quoi ça me fait penser. Mais il y a pas mal de bons trucs qui sortent de New York depuis quelque temps, comme TV on the Radio par exemple."

AUX PLATINES

Le sixième disque studio du célèbre producteur et musicien new-yorkais est dans les bacs depuis le 11 mars dernier. C’est dans la peau d’un DJ, boulot qu’il accomplit depuis plusieurs années, que Moby – Richard Melville Hall de son vrai nom – se présente à son public. "J’ai tellement fait de tournées par le passé… Lors de la dernière, je jouais devant des dizaines de milliers de personnes dans d’énormes salles… Je sais que c’est le rêve de bien des musiciens, mais je trouve cela trop répétitif et conservateur. Tu sais, tu joues le même set soir après soir et tu n’as pas vraiment de contact avec la foule; moi, ça me faisait un peu penser à Groundhog Day (Le Jour de la marmotte) avec Bill Murray, tu sais, ce film où le personnage revit sans arrêt la même journée… En étant DJ, je peux me présenter dans de plus petites salles, être en contact avec les gens et ne pas nécessairement jouer les mêmes chansons dans le même ordre d’un soir à l’autre. Ça laisse plus de place à l’improvisation et à l’immédiateté. Il se crée une symbiose entre le DJ et la foule, chacun nourrissant l’autre de son énergie", souligne Moby, qui précise faire tourner de l’électro contemporaine, de la house et quelques-unes de ses chansons, bien entendu. "Aussi, ce que j’aime beaucoup, poursuit-il, c’est que l’attention est davantage sur la foule que sur le performeur. Quand tu donnes un concert, tout le public te dévisage, alors que dans un set de DJ, les gens n’ont pas les yeux constamment braqués sur toi. Tu sais, un gars chauve qui fait jouer des disques, ce n’est pas ce qu’il y a de plus excitant à regarder!"

Le 15 août dès 21h
À la baie de Beauport
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À écouter si vous aimez /
Felix Da Housecat, The Crystal Method, Reel 2 Real

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LA TECHNIQUE ET L’IMAGINAIRE

Si le plus gros défi d’Olivier Dufour, concepteur principal du Chemin qui marche, est de réussir à conjuguer beau temps et éléments techniques, son but, lui, est tout autre: toucher l’imaginaire des gens, pour leur faire sentir par les tripes toute l’importance et la beauté du fleuve Saint-Laurent. "On doit utiliser l’imaginaire pour célébrer le fleuve… Se contenter froidement de dire que c’est donc merveilleux de vivre à côté du fleuve ne suffit pas. Tant qu’à réaliser à quel point on est chanceux de l’avoir près de nous, autant le faire par les émotions et non pas par l’intellect. C’est une émotion qui est universelle et qui s’adresse à tous."

La prémisse du Chemin qui marche – les Premières Nations nommaient le fleuve ainsi – est simple, et utilise un procédé qui a fait ses preuves: la légende. Ayant vainement cherché dans la tradition amérindienne une fable qui collerait à son projet, l’idéateur a décidé tout simplement d’inventer sa propre légende, qui raconte le pacte brisé entre le peuple imaginaire du fleuve et celui de Québec, et leurs retrouvailles, sur la plage, un soir de pleine lune, sous un ciel qu’il espère étoilé et traversé par les perséides.

Avec son acolyte, le metteur en scène Ghislain Turcotte, que le concepteur décrit comme le chirurgien qui fait en sorte que ses idées prennent vie, il s’est imprégné de l’air du large pour donner vie à son histoire. "La première fois qu’on a imaginé la fable, on a passé deux jours dans un vieux campeur sur le bord du fleuve, près du bassin Brown", se rappelle-t-il.

Les défis sont cependant nombreux, et la logistique, énorme, pour mener ce projet à terme. Outre la menaçante dame Nature, les éléments de mise en scène ayant recours à des technologies complexes souvent inconnues au Québec ont nécessité un travail de longue haleine. Mur de projection fait de milliers de gouttelettes d’eau, ballon vidéo de 30 pieds de diamètre avec une surface de projection de 240 degrés, appareils acrobatiques créés de toutes pièces, des centaines de lumières motorisées et quelque 140 artistes de tous horizons (musiciens, acrobates, danseurs) qui se partagent la scène… Rien n’est trop gros pour éblouir les 40 000 personnes que le site de la baie de Beauport peut accueillir, sans oublier les éléments pyrotechniques inusités qui éclaireront le ciel.

Quant à DJ Champion, Bran Van 3000 et Moby, qui se produiront sur scène à la suite du spectacle multimédia racontant la légende du Chemin qui marche, l’équipe de Dufour événements a travaillé avec chacun d’eux pour concevoir une mise en scène à leur image, sans toutefois créer une rupture entre les parties du spectacle. Contenu vidéo exclusif, participation de danseurs et acrobates, feux d’artifice seront donc au rendez-vous jusqu’aux petites heures du matin…