Bruno Paul Stenson : De l’histoire plein les oreilles

Les amateurs déçus de l’offre à saveur historique des célébrations du 400e de Québec ou ceux qui, au contraire, seraient revenus emballés par les Fêtes de la Nouvelle-France qui se déroulaient dans la Vieille Capitale au début du mois auraient avantage à aller faire un tour au Château Ramezay, dans le Vieux-Montréal (en face de l’hôtel de ville). Moins vieux que Québec, forcément, le Château, qui date de 1705 et fut la demeure du gouverneur de Montréal Claude de Ramezay, est tout de même le plus ancien musée d’histoire privé au Québec. Les samedis après-midi, dehors s’il fait beau ou à l’intérieur dans le cas contraire, on peut y faire un agréable retour en arrière tout en musique.

Le musicologue et historien Bruno Paul Stenson a déjà utilisé son impressionnante collection d’instruments pour donner des concerts, mais il préfère aujourd’hui offrir des démonstrations. "J’aime le contact direct avec les gens. Et puis aussi, au-delà d’un certain nombre d’instruments, ça devient vraiment difficile de se produire en concert, avec les problèmes de sonorisation que ça suppose…" Alors il s’installe simplement avec une partie de sa collection, ce qui ne manque pas d’attirer les passants, et il pousse quelques airs en expliquant la provenance de chacun des instruments. "J’ai reçu mon premier instrument à deux ans et demi, explique-t-il. C’était un xylophone Fisher Price à deux notes!" Depuis, au fil des acquisitions familiales, et après de nombreux achats personnels, la collection s’est agrandie (l’homme est un peu compulsif à cet égard: il détient aussi la plus grande collection d’artefacts d’Expo 67!). Il possède aujourd’hui 242 instruments différents. "J’ai découvert que lorsque l’on en maîtrise 30 ou 40, on peut jouer de tout", précise-t-il.

Le gouverneur de Ramezay aimait peut-être écouter un ensemble de musiciens jouant quelques airs de Lully ou de Couperin lors des nombreuses fêtes données au Château, pendant que les Montréalais en général préféraient probablement jeter les bases du répertoire folklorique d’aujourd’hui et swinguer la bacaisse dans le fond de la boîte à bois! Ils n’utilisaient pas pour ce faire de tympanon, un instrument réservé aux gens de la "haute", mais plus probablement un dulcimer (ou épinette des Vosges), ou de très prosaïques flûtes à bec, et peut-être même, pour les plus aventureux, des instruments amérindiens (hochets de maïs, tambours ou flûte – traversière! – taillée dans un tibia de chevreuil). Bruno Paul Stenson livre avec plaisir quelques petites performances sur chacun de ces instruments. Si vous ne le connaissez pas, il est très possible que vos enfants ou vos parents le connaissent, puisqu’il passe le plus clair de son temps à donner démonstrations et conférences dans les écoles, les résidences pour personnes âgées et les bibliothèques montréalaises. Mais il ne reste que deux samedis après-midi pour le rencontrer, avec ses instruments, au Château Ramezay.

Les samedis d’août, de 13 h à 17 h
Au Musée du Château Ramezay
Tél.: 514 861-3708