Daniel Lavoie : L’âme à la tendresse
Daniel Lavoie, après deux grands concerts à Québec, chausse à nouveau ses souliers légers de troubadour.
Cet après-midi-là, Daniel Lavoie flottait encore sur les dernières poussières d’étoile du week-end. La veille, l’auteur de Je voudrais voir New York s’était joint au spectacle du 400e Paris-Québec, après avoir levé le voile, le jour d’avant, sur la première des trois représentations du Choeur et Lavoie, concert réunissant plus de 300 choristes sur scène. "Écoute, c’est probablement le plus beau cadeau qu’on peut faire à quelqu’un qui fait des chansons: trouver 350 personnes qui ont envie de chanter ses pièces et qui prennent le temps de les apprendre par coeur, et d’aller dans une grande salle, et de chanter comme des fous. Ça a été un grand moment; ça a vraiment été très émouvant", confie-t-il. "On dit que les yeux sont la fenêtre de l’âme et la voix, le cri de l’âme. Dans la voix, on entend les personnes, l’énergie de vie. Et quand toutes ces énergies sont mises ensemble, ça crée une force absolument extraordinaire."
RETOUR À SOI
Lors du concert de Gentilly, l’auteur-compositeur-interprète quittera cependant le grandiose pour un univers un peu plus dépouillé. Assis au piano, il défendra les pièces du lumineux et très réconfortant Docteur Tendresse (2007). "J’ai décidé de faire une tournée seul, cette fois-ci, parce que ça faisait des années que je voulais le faire et que je n’avais pas le guts", souligne celui qui n’avait pas réalisé un tel exercice depuis 30 ans. "Je pense qu’on n’est jamais autant saisi et concentré dans une chanson que quand on est avec quelqu’un qui la chante tout seul, avec son instrument. Je ne sais pas… il se passe quelque chose de très particulier. C’est vraiment une rencontre de un à un." Emplis de douceur, les textes de son dernier-né invitent d’ailleurs à la proximité. "Oui, ça s’y prête, même s’il y a certaines chansons qui m’ont demandé pas mal de travail, comme La naïade, une assez grosse chanson qui dure quasiment huit minutes et qui est assez orchestrée. Mais je me suis rendu compte que quand on s’y attarde un petit peu, on est capable. Quand on veut, on peut!" rigole-t-il.
Des poèmes simples (les siens) lieront ses compositions. "J’ai choisi parmi les choses qui correspondaient aux chansons. Ce sont souvent des mises en bouche. Ce n’est pas toujours un poème qui correspond au sens de la chanson, mais qui met dans un état d’être qui nous amène à elle. Je joue beaucoup dans les émotions dans ce spectacle." Des émotions qui côtoient toujours la lumière, même si les événements qui les engendrent sont parfois plus obscurs, comme en témoignent les pièces de Docteur Tendresse. "Je pense qu’avec les années, effectivement, on finit par accepter cette chose qui est assez compliquée qu’est la vie. Sans se résigner, on se coule dedans, on la laisse aller, on l’apprécie pour ce qu’elle est. On y va en voyageur curieux. C’est ce que je suis, moi: un aventurier curieux. Je me laisse porter par les jours et par le temps. J’essaye de voir le bon côté des choses et l’intérêt des gens et je trouve que ça rend la vie drôlement plus facile."
OÙ LA ROUTE MÈNE
Parlant de temps, dans le cadre de sa série 25e anniversaire, GSI Musique a lancé cette semaine Où la route mène, un luxueux coffret-souvenir qui rassemble 31 chansons signées par le poète entre 1975 et 1997 ainsi qu’un document DVD (clips, anecdotes…). Comment Daniel Lavoie, qui a participé à sa conception, voit-il ce produit qui dépoussière trois décennie de création? "C’est terrible de faire ça. Je ne pensais jamais que ça me remuerait autant. Parce que tu es obligé de repasser à travers tout et que chaque chanson correspond à du monde, à des bands, à des tournées, à des époques… C’était comme revivre ma vie. Mais c’est pire que des photos, parce que c’est toute l’émotion qui est là dans la musique et dans la voix. Et je me vois vieillir… Oh! la, la… Quelle histoire, cette affaire-là! Ça m’a sérieusement secoué faire ce coffret. Je suis content: je fais juste ça tous les 25 ans!" rit-il.
Daniel Lavoie
Où la route mène
(GSI Musique)
Le 6 septembre à 20 h
À la salle Yvon-Guimond
À voir si vous aimez
Léo Ferré, Claude Gauthier