Holy Fuck : Cachez ce nom que je ne saurais voir
Musique

Holy Fuck : Cachez ce nom que je ne saurais voir

Pris, malgré lui, au coeur des coupures en culture réalisées par le gouvernement Harper, le duo Holy Fuck réagit et vante le côté formateur des tournées mondiales.

La directrice des communications du ministre des Affaires étrangères David Emerson, Anne Howland, a vite pointé du doigt le duo canadien Holy Fuck lorsqu’est venu le temps de justifier l’abolition de sept programmes de subventions culturelles, dont PromArt qui aide à la promotion d’artistes canadiens à l’extérieur de nos frontières. Selon la porte-parole, il est inacceptable qu’un groupe aussi offensant qu’Holy Fuck ait reçu 3000 $ du gouvernement fédéral afin de financer ses concerts à l’étranger. Vraiment, M’dame? Holy Fuck? Un groupe instrumental, faut-il le rappeler, qui a choisi de faire danser les mélomanes au son d’un joyeux bordel sonore constitué de synthétiseurs, de claviers jouets, d’effets de toutes sortes et d’un intrigant synchronisateur de film 35 mm? Offensant?

Joint en Angleterre après son spectacle dans le cadre du festival Reading, auquel assistent 80 000 spectateurs chaque année – ça, M’dame, c’est 80 000 Européens en contact avec la musique canadienne -, Holy Fuck s’est penché sur l’absurdité de la situation. "C’est évident que le gouvernement Harper souhaitait couper dans ces programmes de toute manière, soutient le multi-instrumentiste Graham Walsh. Nous blâmer ou nous citer en exemple n’est qu’une manière bidon de se justifier aux yeux du public. Si la droite était vraiment fâchée qu’Holy Fuck ait reçu des subventions, elle aurait pu garder le programme en vie et simplement s’assurer, à l’avenir, d’un meilleur contrôle sur le choix des artistes subventionnés. Mais son attaque est complètement injustifiée. Notre nom est sorti sans même qu’on nous connaisse. Nous sommes de bons Canadiens qui ne cherchent pas à déranger l’ordre public."

Entourés sur scène d’un batteur et d’un bassiste, Graham et Brian ont accompagné Metric, Do Make Say Think, !!!, Clinic, Wolf Parade et Mouse on Mars lors de nombreuses tournées internationales. Des concerts qui, comme en témoigne l’album LP, paru en 2007, ont forcé la chaotique formation torontoise à se structurer. "Forcément, lorsque tu joues les mêmes chansons soir après soir, tu finis par y trouver une formule confortable. À nos débuts, nous montions sur scène sans même savoir ce que nous jouerions. C’était 100 % improvisé. Aujourd’hui, les choses sont moins laissées au hasard; les chansons interprétées en concert sont décidées à l’avance. Notre côté plus planifié nous donne une nouvelle confiance. Nous ne vivons plus avec la crainte constante de tout faire foirer. Nos pièces prennent une direction précise. Elles passent rapidement du point A au point B afin de maintenir l’intérêt."

Malgré tout, Holy Fuck n’a rien perdu de sa pertinence expérimentale et hypnotique, alors qu’il mise toujours sur un équilibre parfait entre les attaques soniques, les rythmes entraînants et les mélodies accrocheuses. "J’ai autant besoin de dissonance dans mes mélodies que de mélodies dans ma musique dissonante", rigole Graham.

Mais ça, Harper et ses féaux s’en balancent. Pour eux, tant qu’un groupe au nom se terminant par Fuck recevra des subventions, il faudra sabrer près de 25 millions de dollars alloués à la culture. Belle logique.

Le 10 septembre
Pavillon Desjardins / De l’Université Laval

À écouter si vous aimez /
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