Trio Fibonacci : Géométrie variable
Le Trio Fibonacci s’apprête à lancer sa saison 10e anniversaire, durant laquelle on le verra beaucoup à Montréal et dans un répertoire plus diversifié que jamais.
Réjean Beaucage
Photo : Bo Huang
"C’est facile de mettre sur pied un ensemble, mais l’entretenir et le nourrir, c’est autre chose!" La violoniste Julie-Anne Derome sait de quoi elle parle, alors qu’elle s’apprête à vivre la 10e saison du Trio Fibonacci, mis sur pied en 1998 avec le violoncelliste Gabriel Prynn et le pianiste André Ristic. "André nous a quittés il y a deux ans, parce que nous étions face à une impasse; nous étions depuis le début des purs et durs de la musique contemporaine, mais nous avons bien réalisé les limites de ce que ça représente comme marché, et nous avons voulu élargir notre répertoire; André a préféré à ce moment-là consacrer plus de temps à ses activités de composition." Évidemment, pour obtenir une reconnaissance au milieu de la multitude d’ensembles musicaux, il faut pouvoir offrir aux auditeurs des points de comparaison avec ces autres ensembles, et cela ne peut pas vraiment se faire si on ne joue que des musiques très récentes ou même en création. "Lorsqu’une musique est bien interprétée, ça paraît, poursuit la violoniste, mais la musique nouvelle offre évidemment moins de points de référence; les gens écoutent l’oeuvre, plutôt que son interprétation."
Après avoir donné quelques concerts en 2007 avec Jacynthe Riverin, c’est maintenant deux nouveaux pianistes qui rejoignent le trio, l’un au Québec, et l’autre en Europe! "Ici, c’est l’excellent pianiste Jean-François Latour qui se joint à Gabriel et moi; nous donnerons 12 concerts avec lui entre octobre et avril dans le cadre des tournées du Conseil des Arts de Montréal, mais avant ça, nous irons donner 8 concerts en Afrique du Sud!" Latour donnait son premier concert avec le trio en mai dernier, dans un programme d’oeuvres de Chostakovitch, de Schnittke et de Patrick Beaulieu. Il faisait paraître, l’année dernière, un premier disque consacré à Chopin (les 24 préludes), chez Atma. En Afrique, le trio interprétera Beethoven, Chostakovitch et Jean Lesage (Le projet Mozart), tandis que son programme montréalais fera entendre Brahms, Ravel, Paul Frehner (lauréat du Prix national Claude-Vivier lors de la première édition du Prix international de composition de l’OSM, l’année dernière) et l’oeuvre de Lesage.
"Comme nous avons aussi plusieurs projets en Europe, nous avons aussi un collaborateur là-bas, explique Julie-Anne Derome. Ça pourra sans doute nous aider à ouvrir des portes que d’avoir avec nous quelqu’un qui soit sur place." D’autant plus que le pianiste Hugues Leclère a déjà une carrière de récitaliste enviable, en plus d’être le directeur du festival Nancyphonies. Après un disque paru chez Atma en 2001, et deux autres avec l’étiquette belge Cyprès et l’étiquette britannique NMC en 2005, le prochain disque du Trio Fibonacci pourrait bien nous venir de France.
Au retour de sa tournée africaine, on retrouvera le Trio Fibonacci à la Sala Rossa, le 8 octobre, avec comme invité spécial l’altiste Garth Knox (Berio, Dusapin, Knox, Ligeti et Sciarrino), puis, le 10 octobre, à la salle Redpath (Mendelssohn et des créations de Marc Hyland et Roberto Rusconi).