Angela Desveaux : Bateaux fantômes
Musique

Angela Desveaux : Bateaux fantômes

La cowgirl du Mile-End Angela Desveaux est de retour avec un second album hanté par une histoire de naufrage.

Il y a deux ans, elle devenait la première Montréalaise signée sur l’étiquette américaine indépendante Thrill Jockey (The Fiery Furnace, Howe Gelb) et lançait un effort solide dévoilant des couleurs country et des teintes folks, se défrichant ainsi une place dans la lignée des Gillian Welch et Lucinda Williams.

Aujourd’hui, la voilà qui récidive avec un gravé témoignant du chemin parcouru depuis. À commencer par son titre: Angela Desveaux & The Mighty Ship. "C’est aussi le titre d’une chanson, le nom de mon band et l’histoire de ma grand-mère." Angela a emprunté le refrain d’une chanson folk traditionnelle inspirée du naufrage du Titanic et composé elle-même les couplets. "Car moi aussi j’avais une histoire de bateau à raconter. Ma grand-mère a perdu son premier mari alors qu’elle avait un bébé de trois mois sur les bras. Elle a attendu, en vain, le retour du bateau…".

Alors qu’elle avait tricoté Wandering Eyes (2006) – un album plus intimiste qui tournait autour de ses histoires d’amour – seule dans sa chambre, cette fois, Angela Desveaux a inclus les musiciens dans le processus. "J’ai commencé à évoluer avec eux dès que l’album est paru et qu’on s’est mis à faire des shows. On a développé les chansons de ce nouvel album ensemble. J’arrive avec les paroles, une mélodie, et on regarde où ça peut mener."

Le son est plus dense et texturé, les arrangements se sont enrichis (cuivres et cordes), la voix – très maîtrisée – est à l’avant-plan. Un changement qu’elle attribue à deux facteurs: "Mes musiciens n’ont pas le même background country-folk que moi, avec pour résultat un son de facture plus pop-rock énergique, moins lent et mélancolique. Et la production est différente. Sur le premier album, j’avais travaillé avec Brian Paulson à l’Hotel2Tango. Eux, ils ont un style plus sombre; ça donne un feeling intense et un peu dark. Comme je trouvais mes chansons plus pop et énergiques, j’ai privilégié cette fois une production plus claire, avec la voix placée bien à l’avant."

L’interprétation assurée et confiante contraste avec des textes parfois tourmentés. "Dernièrement, j’ai compris que pour évoluer dans le milieu de la musique, il faut non seulement être un artiste inspiré, mais aussi faire preuve d’une bonne connaissance de l’industrie. Pour moi, il s’agit à la fois d’un obstacle et d’un défi. Sur quelques chansons (Red Alert, Worried Mind), je me donne des conseils, je me dis d’écouter ma petite voix." Une leçon apprise alors qu’elle assurait la première partie du Canadien Bruce Cockburn, en Europe, l’an passé. "Des gens comme lui et Neil Young feront toujours à leur tête et ne deviendront jamais esclave de l’industrie. J’aspire à évoluer ainsi dans ce milieu où il est important de savoir ce qu’on veut et de rester sur ses positions."

Angela Desveaux
Angela Desveaux & The Mighty Ship
(Thrill Jockey/Sonic Unyon)
En magasin le 9 septembre

À écouter si vous aimez /
Katie Moore, Martha Wainwright, Gillian Welch