Jipé Dalpé : Fais-moi mal, Jipé
On serait directement passé au lit avec Jipé Dalpé. Lui se contente pour l’instant de doux préliminaires.
À l’instar du Chinese Democracy de Guns N’Roses, on n’attendait plus le premier album de Jipé Dalpé. Finaliste et récipiendaire de prix au Festival en chanson de Petite-Vallée et au Festival international de la chanson de Granby, Dalpé sentait le besoin de laisser retomber la poussière et d’attendre avant de revenir avec tous les outils essentiels dans sa besace. "J’avais sorti des démos, des albums autoproduits et je m’étais promis de ne pas ressortir de disques tout seul. Je voulais qu’il y ait une promotion, que le disque ait une chance d’exister. J’avais fait trop de trucs où tu te bats tout seul dans le vent", explique le multi-instrumentiste.
Écumer les bars de Sherbrooke comme chansonnier et interpréter les chansons des autres a longtemps été le pain quotidien de Jipé Dalpé. La lassitude et la nécessité de revenir à lui-même allaient cependant un jour l’emporter. Voilà qui explique pourquoi le chanteur s’est laissé désirer avant de faire paraître Les Préliminaires. "Ça a été long pour plusieurs raisons. Artistiquement, il y avait des opportunités qui commençaient à apparaître et je me rendais compte que je n’étais pas prêt. J’avais des chansons, mais je n’étais pas si content que ça. Je traînais encore beaucoup de covers. Fallait que je fasse une coupure et que je dise: "J’arrête de faire ça." Je savais que je pouvais gagner ma vie avec les bars, mais pour vraiment faire mon disque, fallait que j’accepte que pendant un bout, je ne jouerais pas. Ça a été une grosse décision pour moi."
AU GARAGE PAINCHAUD
Cette pause allait lui permettre de s’adjoindre les services d’un des réalisateurs les plus en demande au Québec, Éloi Painchaud (Jorane, Antoine Gratton). "J’aimais beaucoup son côté versatile. J’aimais beaucoup comment il traitait la musique. Je lui ai fait parvenir mes chansons et il m’a dit que ça l’intéressait, mais ça a pris huit mois avant que je puisse le rencontrer. La conversation qu’on avait eue au téléphone me permettait cependant de croire que c’était le gars avec qui j’avais envie de travailler. Quand je me suis assis avec lui, je lui ai joué mes 35 tounes à la guitare et ça a été instantané. J’avais l’impression d’être avec un chum dans le garage. Il a tout de suite pris une guitare et en une heure et demie, il avait installé un micro et on avait commencé à enregistrer", se rappelle Dalpé, les yeux ronds comme un gamin excité.
Les Préliminaires qui nous arrivent du garage Painchaud ont peut-être la fougue des premiers émois charnels que le titre suggère; ils ne portent pourtant pas la marque du manque d’assurance dont ferait preuve un jeune amant. Arrangements de cuivres feutrés, guitares aériennes et harmonica habillant ici et là les textes soit impressionnistes, soit très réalistes (voire triviaux) de Dalpé font de ce premier gravé une oeuvre cohérente. "Les Préliminaires, ça représente tout ce que j’ai fait avant pour arriver au disque et ça ouvre la porte à tout ce qui va pouvoir venir après. C’est comme la période tampon où tu es en mode séduction, où il ne faut pas que tu y ailles trop rough." Pour passer à la prochaine étape, présentez-vous au Téléphone Rouge pour son lancement le 8 septembre et criez-lui: "Fais-moi mal, Jipé!"
Jipé Dalpé
Les Préliminaires
(Sphère Musique/DEP)
En magasin le 9 septembre
À écouter si vous aimez /
Martin Léon, Dumas, Jonathan Painchaud