Misteur Valaire : Les rois de Sherbrooklyn
Misteur Valaire rentre au bercail pour prouver à tout un chacun que Sherbrooklyn est une grosse joke qu’il faut prendre au sérieux.
Au début de l’entrevue avec Luis, le percussionniste de Misteur Valaire, ce dernier monte deux étages de l’immeuble dans lequel il se trouve pour aider les ondes qui émanent de son cellulaire. "OK. Là, je suis haut en tabarnak!" Cette ascension est à l’image de la dernière année pour cette formation électro-jazz originaire de l’Estrie, composée également de To, DRouin, France et KiloJules. Installé depuis deux ans dans la métropole, le groupe y fait déjà sensation: "On a rempli le Club Soda à deux reprises cette année, raconte Luis. Pour des p’tits gars qui ont quitté Sherbrooke il n’y a pas si longtemps, on est vraiment contents d’avoir accompli ça."
Au-delà du buzz montréalais qui perdure, Misteur Valaire est en train de se bâtir une solide réputation scénique, et ce, partout en province. "On a roulé toute l’année. Le spectacle est bien rodé. En région, les gens se déplacent pour les shows. L’album fait son chemin." Ce chemin, c’est l’Internet. Le groupe a abondamment fait parler de lui en offrant gratuitement son dernier disque, Friterday Night, via le Web (www.misteurvalaire.ca). Reste que pour Luis, c’est l’engouement que la formation a suscité en 2007 à la Bourse Rideau (un événement qui regroupe tous les diffuseurs québécois) qui fut le plus déterminant: "C’est ce qui est arrivé en premier. Beaucoup de monde a acheté le spectacle et on a joué partout. Après ça, ce fut une belle suite de circonstances. C’est sûr que l’album gratuit a fait jaser, avec Radiohead et tout ça…"
Un autre élément qui accentue la hype est le mythe entourant ce fameux spectacle de Misteur Valaire au Café du Fjord de Tadoussac, lors duquel le public a littéralement défoncé le plancher de danse à force de sauter. Est-ce que le groupe en entend encore parler? "Ah oui, énormément. Tout le temps, en fait! C’est étonnant quand même. Il me semble que ce n’est pas gros, le Café du Fjord, mais il y a toujours deux dudes à la fin d’un show qui nous disent: "Eille, on était là quand ça a tombé!""
FAIRE UNE SCÈNE
Misteur Valaire fait partie de la scène Sherbrooklyn, qu’on peut décrire comme un réseau de bands originaires de Sherbrooke qui ont déménagé leurs pénates à Montréal. "En fait, c’est plein de gens qui se côtoient dans la vie. C’est le monde avec qui je termine mes soirées", explique Luis. Plus une blague qu’un véritable phénomène, Sherbrooklyn a tout de même réussi à susciter l’attention: "Tsé, quand les journalistes voient qu’il y a des trucs qui se passent, ou plutôt, quand on leur fait croire que ça se passe vraiment, ils vont avoir tendance à sauter là-dessus pour avoir de quoi à écrire", rigole-t-il, visiblement fier de son coup.
La fierté n’était toutefois pas au rendez-vous lorsque le site Branchez-vous! nous apprenait en mai dernier qu’un des gérants de Misteur Valaire, Guillaume Déziel, avait acheté des noms de domaines associés à différents chroniqueurs québécois (www.clauderajotte.com, www.alainbrunet.com…) et qu’il les utilisait de manière à promouvoir le band. "C’est sûr qu’on n’appuie vraiment rien de ce qui a été fait là-dedans. On n’était pas impliqués. Guillaume a fait ça sans malice. Il l’a énormément regretté. Il a appelé tous ces gens-là pour leur offrir ses excuses. Ce n’était pas winner." La morale de cette histoire: il y a des limites à vouloir profiter de l’Internet!
Mais cette fausse note fait déjà partie du passé. Ces jours-ci, Misteur Valaire pense au prochain album ("On se dirige vers quelque chose de plus pop; nos nouvelles compos sont plus cheezy, plus hip.") et une tournée en Europe semble de plus en plus concrète ("Mon passeport, il va falloir que j’aille le commander dans pas long."). Pas le temps de s’ennuyer quand on s’appelle Valaire!
À écouter si vous aimez /
Gorillaz, Plaster, The Cinematic Orchestra