Thierry Romanens : Chanson échevelée
Musique

Thierry Romanens : Chanson échevelée

Le Suisse Thierry Romanens revient parmi nous le temps d’une tournée québécoise afin de distiller ses chansons jazzy, un peu manouches, parfois drôles, surtout tendres.

Avec sa tête rigolote, soigneusement échevelée, Thierry Romanens porte à sourire. L’humour dominait son premier disque, Les saisons du paradis (2004). Pas étonnant, c’est le métier qu’il avait choisi pour se lancer dans le monde artistique. "J’ai pratiqué le one-man-show pendant pas mal de temps; j’ai beaucoup d’admiration pour ça, faire rire. Mais à un moment, être assujetti aux rires, j’en ai eu marre. Et je trouvais que la chanson permettait un registre plus large, plus complet. Maintenant, je peux encore faire de l’humour, mais également me laisser aller à des choses plus mélancoliques. Ça me va mieux.", raconte-t-il au bout du fil.

Questionné sur la pertinence de son nouveau mode d’expression, il enchaîne: "Je trouve la chanson très généreuse. J’aime la trace qu’elle laisse dans la tête des gens, pour peu qu’elle soit bonne! dit-il en riant. La mélodie, on peut l’emmener avec soi et la fredonner intimement chez soi." Romanens est passé par la country, le bluegrass pour enfin aboutir à la chanson. Sur Les saisons du paradis, il reprend même deux fois Brassens. "Curieusement, dans tous les spectacles que j’ai montés, il y avait toujours un extrait de Brassens, soit parlé, soit chanté. C’est une référence. Il y a toujours une de ses chansons qui correspond à l’humeur du moment."

Le Suisse est un habitué du Québec. Il y passe régulièrement en spectacle. Il a même choisi un réalisateur québécois pour enregistrer son deuxième album, Le doigt (2006). Il s’agit de François Lalonde, ex-membre (entre autres titres) de la Sale Affaire de Jean Leloup. À l’écoute de ce Doigt, enregistré à Montréal, on mesure la distance artistique parcourue par le chanteur. Un opus plus mature, plus tendre qui s’ouvre avec le joli Skipper. "On apprend. Je me sens encore tout jeune dans le métier. Je suis à la fois dépendant et avide des rencontres que je fais. Je voulais révéler de nouvelles choses."

Il y a une chanson écologique sur ce disque. Ça s’appelle La planète. Oubliez les petits oiseaux et les feuilles mouillées qui tombent en faisant ouh ouh ouh! Romanens préfère user d’une langue crue, qui sent le manifeste: "Parfois, l’acte créatif se doit de piquer, d’être un peu subversif, moins commode."

Cette fois-ci, Romanens vient faire sa tournée québécoise à deux, avec un pianiste. Il nous promet de nouvelles chansons. Que se réveillent les amateurs de verbe vert qui valsent à l’acoustique, qui ne craignent pas de se faire secouer un peu les idées et les oreilles. Un Suisse revient nous chanter sa chanson échevelée avec ses cheveux bien troussés, ou l’inverse, va savoir.

À écouter si vous aimez /
Alain Souchon, Jérémie Kisling, Sanseverino