Apostle of Hustle : Solitaires en collectivité
Apostle of Hustle tente la route avec un bref passage à Québec qui annoncera les couleurs d’une suite attendue.
Avec une heure et demie de retard, l’entrevue peut enfin avoir lieu. Pour Andrew Whiteman, fondateur d’Apostle of Hustle et guitariste au sein de Broken Social Scene, on peut vite conclure qu’il ne s’agit pas d’un caprice. Nous n’avons qu’à nous rappeler le message contenu sur sa boîte vocale: "Andrew Whiteman, a.k.a. your best friend." Le musicien est plutôt en compagnie de la joyeuse bande de virtuoses du collectif BSS, avec laquelle il vient tout juste de sortir d’un test de son. Il est encore en discussion avec Brendan Canning et Kevin Drew au moment de prendre le combiné. Le groupe semble être au beau fixe malgré les projets solos qui se multiplient pour les membres de cette minisociété musicale qui sévit maintenant depuis presque 10 ans.
De son côté, Apostle of Hustle confirmait le sérieux de son entreprise avec l’album National Anthem of Nowhere (Arts&Crafts, 2007). Après Folkloric Feel, l’ensemble signait un deuxième album accompli et moins brouillon. Déjà au terme de la production du troisième opus, qui devrait paraître au mois de mars, Andrew Whiteman tente de se souvenir de ce qui a succédé à la parution de ce deuxième effort. "Je ne peux pas dire que nous avons eu le temps de faire une longue tournée par la suite, se rappelle-t-il. À un certain moment, nous sommes revenus à une formule de base, tout simplement en trio avec Dean (Stone, batterie) et Julian (Brown, basse). En studio, nous étions plongés dans une réalisation qui était ouverte aux arrangements élaborés, et notre collaboration avec Jean Massicotte, à Montréal, nous a laissé un très bon souvenir. Mais, de retrouver ce noyau, en trio, a vraiment ramené l’ensemble de ces chansons à leurs racines et à ce qui les anime. J’imagine qu’avec ce prochain spectacle à Québec, nous aurons le même sentiment en interprétant les nouvelles compositions."
Hispanophile et passionné de musique latine, l’auteur a toujours fusionné cette couleur au rock déjanté qu’il expérimente. Avec la pièce ¡Rafaga!, il s’est permis d’endosser les mots de Federico García Lorca dans une forme musicale traditionnelle et respectueuse du texte, une pièce qui contraste dans cette réalisation éparse et aléatoire. "Il n’y a pas eu de recherches intenses avant de porter mon choix sur ce texte, précise-t-il. C’est un coup de coeur, un geste spontané. J’étais dans une période Lorca, ça m’accompagnait et ça m’a inspiré. En face d’un tel auteur, je ne pourrais pas me définir comme un poète, mais ces champs d’intérêt qu’on cultive peuvent influencer l’écriture pour le mieux."
Il est impossible de passer à côté de cette nouvelle production dont la sortie est imminente. Aux prises avec la tournée de Broken Social Scene, Whiteman semble lui-même impatient de livrer la marchandise en compagnie de ses apôtres. "Je crois que nous n’avons plus de limite, constate-t-il. Il y a un souffle naturel maintenant au sein du trio, et je nous trouve encore plus disposés qu’avant à composer avec l’étrange. C’est une symbiose, et l’expérimentation, pour nous, c’est fondamental. D’ailleurs, c’est sensiblement le même sentiment qu’on cultive au sein de Broken Social Scene. C’est un fantastique accident de parcours! Jamais je n’aurais pu imaginer une rencontre pareille, appuyée sur une telle indépendance."
À écouter si vous aimez /
Broken Social Scene, Kevin Drew, Brendan Canning