Bloc Party : Comme une poignée de nerfs
Musique

Bloc Party : Comme une poignée de nerfs

Avec Intimacy, Bloc Party signe son recueil le plus poignant, mais aussi le plus fougueux.

Lancé en catimini sur le site Internet du groupe en août, le troisième et plus récent effort du quatuor londonien Bloc Party, intitulé Intimacy, est trempé dans le même métal que ses prédécesseurs (Silent Alarm – 2005, A Weekend in the City – 2007).

Ses chansons sont cependant tranchantes comme un rasoir cette fois. Décharges de guitares jouées en boucle sur une rythmique de pugilistes, choeurs classiques survolant avec grâce les entrechats d’un dubstep synthétique; le chanteur et parolier Kele Okereke s’est offert, avec l’aide de ses comparses, un rutilant écrin pour y coucher ses textes thérapeutiques d’amoureux éconduit. "Il s’agit d’un disque de rupture", a-t-il sèchement laissé tomber lors de la parution virtuelle de l’album, laissant deviner que Bloc Party serait le véhicule d’un recueil plus intimiste encore que sur le précédent essai. Pourtant, Okereke y allait sur A Weekend in the City de textes à connotation homosexuelle dont se sont gargarisés les médias, abordant aussi ses origines (des parents émigrés dans une Angleterre intolérante) puis le racisme qui en découle et dont il est victime. "Je pense que les gens en savent assez sur nous, et ils n’en sauront pas plus. Mais il est vrai que jamais nous n’avons sondé les rapports humains aussi profondément qu’avec ce disque", soutient le batteur Matt Tong, ajoutant qu’Intimacy a été entièrement créé dans cet esprit post-rupture, nécessitant de s’exprimer spontanément, sans filtre.

Le résultat n’est rien de moins que poignant, alliant à la violence des sentiments des musiques haletantes qui empruntent avec plus d’audace qu’auparavant le versant de l’électronique. L’ensemble est accessible sans être pop, rock sans être lourd, triste sans être braillard, mais surtout, il invite à la danse comme le groupe ne l’a jamais osé jusqu’à maintenant. "Nous sommes sans doute un symptôme, affirme Matt Tong. Un groupe de l’ère de l’information où tout va trop vite. Il n’y a pas de doute que nous ne serions pas un groupe aussi musicalement schizophrène si nous avions commencé à composer ces chansons il y a 10 ou 15 ans".

À écouter si vous aimez /
The Futureheads, Maxïmo Park, Franz Ferdinand

ooo

HOLY QUOI?

Le gouvernement Harper a pointé du doigt la formation canadienne Holy Fuck lorsqu’est venu le temps de justifier l’abolition de programmes de subventions culturelles. Ainsi, il serait inacceptable qu’un groupe aussi offensant qu’Holy Fuck, formation instrumentale, faut-il le rappeler, ait reçu 3000 $ du fédéral afin de financer ses concerts à l’étranger. Joint en Angleterre après son spectacle dans le cadre du festival Reading, la troupe s’est penchée sur l’absurdité de la situation. "C’est évident que Harper souhaitait couper dans ces programmes de toute manière, soutient le multi-instrumentiste Graham Walsh. Nous blâmer ou nous citer en exemple n’est qu’une manière bidon de se justifier aux yeux du public. Si la droite était vraiment fâchée qu’Holy Fuck ait reçu des subventions, elle aurait pu garder le programme en vie et simplement s’assurer, à l’avenir, d’un meilleur contrôle sur le choix des artistes subventionnés."