Festival de l’Outaouais émergent : Pour qu’émerge l’iceberg
Pour le Festival de l’Outaouais émergent, les bistros du Vieux-Hull se pareront de leurs plus beaux atours, les cafés gonfleront de curieux et d’orgueil.
Pourquoi ce quartier dont le dynamisme ne fait plus de doute a-t-il une nouvelle et ultime raison de fêter en cette deuxième fin de semaine de septembre? Parce qu’aujourd’hui, c’est de sa récolte qu’il se délecte. Parrainé par Xavier Caféïne, le Festival de l’Outaouais émergent (FOÉ) propose aux Outaouais la fine fleur de la production artistique régionale. Reconnu comme un terreau difficile, la région a vu certains de ses plus grands talents s’exiler. Caféïne, SoCalled, et combien d’autres, font partie de ces têtes d’affiche du showbiz québécois qui ont pris racine à l’ombre des collines et de la capital des senators. Jean-Philippe Barrette en sait quelque chose. "Je me souviens d’une phrase qui m’a marqué lors d’une discussion avec un musicien de l’Abitibi: "Ah oui, tu viens de l’Outaouais: le trou noir de la musique au Québec!"", rigole d’un ton aigre-doux le guitariste, dont le deuxième album autoproduit, Humeurs et Rumeurs d’ici et d’ailleurs, paraissait ce printemps.
Alexis Girard-Aubertin, président des Productions des Outaouais motivés (POM), une association de jeunes entrepreneurs décidés à changer cet état des choses, le constate: "On sentait le besoin pour les artistes de la relève d’avoir une plus grande visibilité, de pas juste servir de faire-valoir aux plus gros noms qui passent. Parce qu’après avoir fait les deux-trois petits bars du Vieux-Hull, c’est quoi la prochaine étape, outre l’exil?" En quelques semaines, c’est plus de 150 artistes qui ont réclamé une place sur la programmation du FOÉ. "On a tapé où il fallait, c’est ce qu’il manquait en Outaouais. Il y a vraiment beaucoup de talent, ça déborde. Ça prend un réseau pour créer une mini-industrie", soutient Manu, batteur au sein de la formation "électro-surf-rock-carnavalien" Oscar Parade et proprio du lounge urbain Où? Quoi?!, un incontournable de la scène locale.
Jean-Philippe Barrette photo: Benoît Hamelin |
La diversité sera à l’honneur puisque des artistes de tous les univers se côtoieront dans les entrailles du Vieux-Hull. Et côté timing, ça tombe plutôt bien: "Ce n’était pas prévu, mais ce festival tombe pile en même temps que les coupures du gouvernement Harper en culture et que le déclenchement des élections. C’est une chance inouïe de montrer la pertinence de l’art. Pas nécessairement en manifestant, mais en créant", soulève Blaise Guillotte, metteur en scène de Foul Plastic Jaquette, un collage théâtral à saveur politique de la troupe des 4A, composée d’étudiants à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.
Le festival s’embrase le jeudi 11 pour la Bataille-Pod, puis le vendredi 12 septembre avec les rythmes africains d’Élage, la pop beatlesque de 37 Laval, le hip-hop de D-Track et le psychobilly d’Oscar B. Les Dales Hawerchuck, Robervalois d’origine et bêtes de party de réputation, viendront couronner le tout.
Le samedi, on se lève avec les chansons de Geneviève Vaillant dans le cadre des brunchs "lendemain de veille" du Twist, puis on s’initie à la danse classique indienne avec Geneviève Beaulieu, on plane sur la pop jazzée de J’envoie pour enfin s’éclater avec Jean-Philippe Barrette, Langue de chemise et Pépé et son orchestre.
La fin de semaine finit en grand avec Foul Plastic Jaquette, les chansons enracinées du Duo d’Hull, une session de SlamOutaouais au Troquet, les compos piano-électro de François Gravel et les concerts plus corrosifs des Deadly Apples, A Plot Against Me et Mr. Rubber Finger.
Tous ces artistes, et une centaine d’autres, vous donnent rendez-vous chez vous, sans complexe et sans compromis. Maintenant que vous avez vu la pointe émergée, imaginez le reste de l’iceberg! Info: www.festfoe.com