Lonnie Jordan / War : Lonnie s’en va-t-en guerre
Vétéran de l’âge d’or du funk, Lonnie Jordan, membre fondateur de la formation War, revient à Montréal avec de nouveaux fantassins.
Stanley Péan
Avec leur amalgame de soul, de blues, de reggae, de rock latin et de jazz, les troupiers de War ont littéralement fait école, au même titre que leurs contemporains de Santana, Kool & the Gang ou Earth, Wind & Fire. Pourtant, même si seul le chanteur et claviériste Lonnie Jordan subsiste de l’équipe originale, War n’a jamais disparu, pas même après l’échec relatif de l’album Peace Signs (1994). "Mon groupe et moi, on n’a jamais cessé de tourner, ne serait-ce que pour que les fans de hip-hop découvrent l’influence de notre musique old school", d’expliquer le leader de la formation actuelle.
Réuni en 1969 autour de l’ex-leader des Animals Eric Burdon, War n’a pas tardé à voler de ses propres ailes et à s’imposer à coups de chansons telles que Cisco Kid, Low Rider, Me and Baby Brother et Why Can’t We Be Friends?. "Eric était vraiment comme un grand frère, un parrain, un mentor. Encore aujourd’hui, je me raccroche aux trucs qu’il a voulu m’inculquer sur la musique, l’industrie et sur la vie, la spiritualité. J’essaie de faire pareil pour les jeunes cats qui jouent avec moi."
Difficile de passer sous silence la querelle judiciaire qui a opposé Jordan à ses ex-compagnons d’armes, qui évoluent aujourd’hui sous la bannière du Lowrider Band. "On a eu un divorce assez salissant [messy]", reconnaît Jordan, embarrassé par mon évocation du conflit provoqué par le producteur Jerry Goldstein qui s’est approprié l’appellation War. "Même si j’aimerai toujours mes anciens partenaires, même si nous sommes tous fiers des enfants qu’on a faits ensemble, nos chansons, le mariage est dissolu. Et pas question de retrouvailles sur scène ou sur disque, jamais!"
Au programme du premier concert de War à Montréal en 20 ans, nostalgie oblige, des classiques comme autant de souvenirs de guerre. "On ne va pas ennuyer les fans avec des chansons inédites, on va jouer les hits, c’est sûr, mais à la manière du nouveau groupe, avec pas mal d’improvisation. Au fond, toutes ces chansons sont nées de jams et doivent garder cette énergie brute, cette dimension spirituelle." Et pour l’avenir, à surveiller, un disque original que Jordan et ses camarades enregistreront au terme de la tournée actuelle. Manifestement, War is not over…
À écouter si vous aimez /
Kool & the Gang, Earth, Wind & Fire, Sly and the Family Stone