MC Gilles : Bête de sous-sol

On connaît MC Gilles pour ses fréquentes collaborations à Infoman, où il rend compte des festivals de catégorie B, ou pour son émission Va chercher le fusil, au cours de laquelle il présente le meilleur des étrangetés musicales qu’il récolte sur Internet, dans les marchés aux puces ou les dépanneurs de bord de route (de Lady Gripette à Fidel Lachance en passant par un vinyle éducatif sur l’accouchement). Son personnage, hybride entre un calleur de bingo et un présentateur de radio commerciale surexcité, était donc le bougre tout indiqué pour animer la deuxième édition de Bêtes de scène, une soirée consacrée aux choix musicaux douteux et embarrassants présentée dans le cadre du Festival international de la chanson de Granby. "Je pense que tout, dans un certain contexte, peut être très bon. Fidel Lachance, dans son style, c’est un mélodiste merveilleux dont beaucoup de groupes de la relève auraient intérêt à apprendre. Tout le monde peut fredonner sa chanson Fidélité."

À tour de rôle monteront sur scène les Tricot Machine, Pépé, Antoine Gratton, Vincent Vallières, Martin Léon et Marie Carmen ("En préparant la soirée l’autre fois, on a mis Piaf chanterait du rock dans le prélart et j’avoue que j’ai eu beaucoup d’émotions", dixit MC Gilles), qui, après avoir chanté une pièce de leur répertoire, se commettront en interprétant ce qu’il est convenu d’appeler un plaisir coupable. L’an dernier, Karkwa avait repris Mylène Farmer. En véritable anthropologue kitsch, MC Gilles proposera une mini-musicographie de l’artiste dit embarrassant repris. "Si la chanson olé olé de Vincent Vallières est une pièce de la Compagnie Créole par exemple, je vais sortir des pochettes comiques de la Compagnie Créole et une version d’une de leurs chansons qui a été refaite par un artiste méconnu." Une façon de permettre à ceux dont les candidatures ont sans doute été rejetées d’accéder à une des scènes du FICG.

BRUN AUTHENTIQUE

Spécialiste autoproclamé des musiques de sous-sol, MC Gilles ne veut en aucun cas laisser croire qu’il se moque de ceux qu’il invite à monter avec lui au rez-de-chaussée. "Si je regardais les gens de haut et que je disais: "Regardez comment c’est niaiseux", ça ne marcherait pas. Sincèrement, je ne suis pas mieux qu’eux autres, je fais des niaiseries, j’ai un chapeau de cow-boy, j’ai une moustache, je suis tout sauf Plateau. Mais c’est vrai que je suis sur une fine ligne, faut toujours faire attention, mais jamais je ne vais présenter quelqu’un pour que les gens rient de lui." Se refusant donc à devenir l’agent de voyage branché de ceux qui voudraient faire du tourisme de classe, l’animateur évoque l’authenticité palpable des artistes qu’il présente – en opposition au carriérisme patent de certains artistes grand public – afin d’expliquer l’engouement pour son travail. "Si je présente l’infirmière chanteuse, ça ne peut pas être plus authentique. Ça ne sera pas un show aseptisé de Céline Dion avec Ginette Reno où tout a été pratiqué 10 fois et est au quart de tour."

À écouter si vous aimez /
Les plaisirs coupables, Vincent Vallières, Tricot Machine