Oscar B. : Cadavres exquis
Vous aimez les squelettes, la musique punk, les films de série B? Vous raffolerez d’Oscar B., un groupe qui tue la mort, à découvrir dans le cadre du FOÉ.
Les morts-vivants d’Oscar B. sont issus de quelques groupes punk outaouais (dont Sick Sick Sicks, y’a pas de hasard!) et gravitent autour de la scène psychobilly montréalaise. La légende veut que les trois membres, Crâne B., Fémur B. et Hyoïde B., soient morts en 2007 et aient signé un pacte avec Satan – oui, oui, le vrai Satan, celui qui a des cornes et du feu -, et que celui-ci les ait aidés à mettre sur bobines le fruit défendu de leur labeur, une galette maléfique baptisée La Mort aux trousses, lancée ce printemps.
Des zombies qui jouent du rock avec une contrebasse, c’est plutôt fréquent (et là réside même l’essence du psychobilly), mais qu’ils le fassent en français, c’est une première! Bien connus de la scène punk locale, les trois cadavres exquis avaient justement besoin de brasser les cartes, de sortir des cheptels: "C’est ça qui est le fun, c’est une ouverture à plein de styles, c’est un pot-pourri de nos influences country, blues, rock’and’roll, hard core. On mixe tout ça sous un thème commun. L’image du psychobilly nous offre une bonne occasion de tout amalgamer. Mais on ne veut pas s’adresser qu’à cette scène-là, on veut juste faire un show où tout le monde peut venir. On veut donner un côté friendly à ça, comme dans la fête des Morts au Mexique ou les films de Tim Burton. C’est noir, mais sans être triste", lance Crâne B., chanteur et contrebassiste du trio. Autre caractéristique de cet excellent produit local: les trois macchabées sont étudiants en cinéma et ont à peine 20 ans! Bénéficiant d’une expérience de scène (de vies antérieures…) et d’une maturité impressionnantes, le groupe a bien saisi son créneau: "Il y a un certain vide au Québec dans ce style. On veut ramener une certaine attitude, un retour aux sources du rock’and’roll. Les Dales Hawerchuk et Vulgaires Machins sont des bands qui nous inspirent dans cette voie", me cause un Crâne plutôt loquace.
Sur scène, les squelettes mettent la gomme, rien n’est ménagé pour offrir une expérience divertissante et pleine de vie: "On donne un show théâtral et plein d’énergie, on ne se sert pas de ça pour lancer des messages sociaux et politiques. On veut triper et faire triper le monde." Les frères B. arpentent les routes du Québec, comme poursuivis par un mal qui les pousse à se produire sur toutes les scènes, et surtout, à le faire de façon indépendante! Bien sûr, Satan et le palmarès de bandeapart.fm aident un peu, mais il faut quand même que les paquets d’os s’occupent eux-mêmes de toute leur mise en marché. "Vendre des albums, des t-shirts, des posters, c’est ça qui nous donne envie de faire de la route, pis qui garde les bands comme nous en vie", affirme Crâne sans sourciller…
Avant de me départir du Crâne parlant, une dernière question me hante: pourquoi "Oscar B."? La réponse ne pouvait être plus singulière: "C’est un hommage à Kenny G et au grand-père du batteur qui se nommait Oscar. Notre guitariste capote sur Kenny G, et moi, je voulais absolument qu’il y ait la lettre B." Décidément, les morts aussi ont des raisons que la raison ignore…
Oscar B.
La Mort aux trousses
Indépendant, 2008
À écouter/voir si vous aimez / Les Dales Hawerchuk, The Brains, le film noir