Shellac : Héros obscur
À la tête du trio Shellac, le vétéran producteur et guitariste Steve Albini fait figure de rebelle dans l’industrie musicale actuelle.
Pour l’amateur de Shellac, l’attente fut interminable. Sept ans après la parution de l’inégal mais ludique 1000 Hurts, le trio débarquait l’an dernier avec l’une de ses meilleures galettes (Excellent Italian Greyhound) et prouvait une fois pour toutes qu’il n’était nullement intéressé à s’investir à temps plein dans ce projet. "Ça nous prend un temps incroyable pour nous organiser afin de produire quelque chose de substantiel sur disque parce que nous avons tous des horaires extrêmement chargés. Nous travaillons toujours sur le groupe et sur de nouvelles chansons, mais les intervalles entre les sessions et les pratiques sont inévitables à cause de nos autres obligations", précise Steve Albini.
Alimentées par la guitare tranchante et les textes déjantés d’Albini, la basse grondante de Bob Weston et les rythmes exploratoires de Todd Trainer, les compositions de Shellac carburent à l’énergie brute. Arpentant les corridors du rock indépendant depuis 1992, le trio partage un sens de l’humour aiguisé. Le secret de cette longévité? Ne pas se prendre au sérieux. "Nous sommes tous diplômés d’un collège de clowns! Si nous sommes toujours ensemble, c’est parce que nous ne nous chicanons jamais. Lorsqu’il y a une différence d’opinion, nous en discutons – parfois dans les moindres détails – jusqu’à ce qu’il y ait consensus. Trop de groupes tentent de forcer une relation dans le but de conserver l’unité entre les membres. Pour nous, le groupe est davantage une extension de notre amitié."
Fondateur et propriétaire d’Electrical Audio, son studio personnel situé à Chicago, Steve Albini s’est retrouvé derrière les consoles pour plus de 1500 albums. Disciple de l’équipement analogique, l’homme a toujours préféré l’approche live et brute au raffinement de Pro Tools. Celui-ci a apposé sa signature sonore à de nombreux opus dont les célèbres Surfer Rosa des Pixies et In Utero de Nirvana. Même avec un C.V. aussi bien rempli, Albini ne reçoit aucun droit d’auteur en tant qu’ingénieur, charge un tarif dérisoire à ses clients et préfère que son nom n’apparaisse pas dans les crédits d’albums. Modeste, monsieur Albini? "Tout à fait. Je n’impose jamais ma vision artistique à qui que ce soit. Cela appartient à l’artiste et je respecte son choix. Ce que je désire, c’est que les groupes vivent une expérience concluante et qu’ils en aient pour leur argent. À part ça, j’espère seulement que les chèques ne rebondissent pas!"
À écouter si vous aimez /
Chavez, Tar, Unwound