17 Hippies : Treize entraînant
Musique

17 Hippies : Treize entraînant

Quatorze ans après leurs débuts, les 17 Hippies peinent encore à expliquer le nom de leur groupe.

Jointe par téléphone à minuit, heure de Berlin, Kristin Sauer est enjouée et sa maîtrise du français ferait pâlir nombre d’universitaires d’ici. Celle qu’on surnomme Kiki est accordéoniste et chanteuse – parmi d’autres – pour cette formation berlinoise qui sera prochainement en spectacle à Sherbrooke pour un unique concert au Canada.

"C’est drôle de voir comment le mot hippie est chargé de connotations différentes selon les pays. Nous irons en Chine prochainement et nous savons que ce terme ne passe pas très bien là-bas. Ici en Allemagne, on l’utilise parfois pour dire de quelqu’un qu’il n’est pas très moderne." Ce groupe qui a vu le jour en 1995 n’est composé ni de hippies, ni de 17 membres. Né sous la forme d’un trio, les 17 Hippies ont même accueilli jusqu’à 30 musiciens dans leur grande famille. Ils sont aujourd’hui 13 sur scène à festoyer au son de la guitare et du banjo, de l’accordéon, du trombone et de la trompette, de la clarinette, du violon, de la contrebasse, et de tant d’autres instruments. Pas très moderne comme instrumentation, mais résolument festif et efficace en spectacle, avec des chansons en allemand, en anglais et aussi en français.

"Je pense que c’est un groupe typiquement berlinois. Nous avons tous écouté beaucoup de musique américaine dans notre jeunesse, puis après la chute du mur de Berlin, on a remarqué une ouverture aux musiques des pays d’Europe de l’Est." Touche-à-tout, ils peuvent y aller d’une musique louisianaise ou d’une chanson française, pour ensuite passer à un air klezmer ou tzigane. Fanfare Pourpour de Berlin ou Pink Martini de la Mitteleuropa, aussi amusantes que soient ces étiquettes, ce ne sont là que des approximations de leur style qui fait désormais école. Avec 12 albums et plusieurs centaines de concerts derrière eux, les 17 Hippies croient avoir trouvé leur son.

Cette appellation n’est-elle pas un délicieux contraste avec le cliché universellement répandu de la rigueur allemande? "J’aime bien votre définition, dit-elle en riant. J’ai étudié le piano dans mon enfance et je n’aurais jamais imaginé jouer sur scène d’un autre instrument que celui que j’avais appris à l’école. Nous n’avons pas débuté avec le souci d’être techniquement parfaits. Nous voulions simplement être nous-mêmes sur scène, mais nous avions surtout envie de jouer là, tout de suite, dans toutes sortes de lieux et pour faire danser."

"Après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une gêne à chanter des chansons traditionnelles en allemand, à cause de la récupération qui en avait été faite par les nazis. Mais nous apprécions bien que les gens ne sachent pas trop ce qu’est la musique allemande. Ça leur permet d’écouter ce qu’on fait sans préjugés."

À écouter si vous aimez /
Jeszcze Raz, Quadro Nuevo, Fanfare Pourpour