Cut Copy : Nostalgie fluorescente
Musique

Cut Copy : Nostalgie fluorescente

Le retour du poum poum là où on ne l’attendait pas, ou comment un petit groupe australien, nommé Cut Copy, a su ramener à l’ordre du jour la musique dance.

Vous vous souvenez, il y a un bon 15 ans, de l’état de la musique pop/rock et de la division des courants mainstream? Il y avait, dans un camp, le rock – on nageait en pleine ère grunge – et de l’autre, le bien-nommé poum poum, musique dance jouée à profusion dans les discothèques et les bagnoles de jocks? Vous vous souvenez combien ces deux genres paraissaient irréconciliables? Dan Whitford, sympathique meneur de Cut Copy, s’en rappelle, lui: "T’étais soit un indie kid ou un dance kid. Moi, je passais pour bizarre parce que les deux genres, porteurs d’une énergie totalement différente, m’interpellaient. Il fallait quasiment que je cache à mes amis indie que je me rendais à des partys dance… Plus tard, vers le milieu des années 90, il y a eu un renouveau du genre avec l’arrivée d’artistes comme Daft Punk et les Chemical Brothers; c’est à ce moment que je me suis mis à m’y intéresser de façon plus sérieuse." Avouez qu’on ne l’avait pas vu (re)venir. "Je pense qu’aujourd’hui, les auditoires sont plus ouverts, aventureux. C’est ce qui rend possible l’existence de notre musique d’ailleurs, et c’est en quelque sorte ce qu’elle encourage."

L’éclectique trio australien, qui lançait au printemps son second gravé intitulé In Ghost Colours, est donc déjà de retour quatre mois après un premier passage remarqué par le Cabaret. Un peu comme à l’écoute de Hot Chip, Daft Punk et consorts, difficile de ne pas avoir envie de se mettre à danser en entendant la proposition de Cut Copy. Le groupe réconcilie quelques décennies qu’on imaginait mal coexister à priori, s’inscrivant lui aussi dans la lignée des héritiers de New Order/Pet Shop Boys, qui versent dans le disco-rock façon LCD Soundsystem. Le groupe a d’ailleurs travaillé avec Tim Goldsworthy (réalisation), un des deux cerveaux derrière ladite formation new-yorkaise et l’étiquette DFA. "Il a tout de suite saisi où on voulait aller: travailler à partir d’éléments dance (ndlr: voir Hearts on Fire, qui évoque KLF) en conservant une dimension psychédélique. Ce qui fait que c’est un album qui peut aussi bien s’écouter sur une piste de danse qu’en faisant de l’acide."

Une petite visite sur le site du label (Modular) nous informe que les influences croisées des trois membres sont multiples. On navigue entre Sonic Youth, Daft Punk, les Beach Boys, New Order, My Bloody Valentine, KLF, sans oublier Beck, maître incontestable de l’éclectisme. "C’est à mon avis un des artistes les plus importants issus de la décennie 90. Plutôt que de suivre une vague, il a toujours fait ses affaires. Et il a ce souci du détail que nous apprécions. D’ailleurs, le titre de notre album s’y réfère. On a cherché à imager l’idée d’une base pop et colorée bonifiée de couches en transparence où les détails se retrouvent."

À écouter si vous aimez /
Hot Chip, Daft Punk, LCD Soundsystem