Mudhoney : Toujours la hargne
Musique

Mudhoney : Toujours la hargne

Les Mudhoney ont inventé le grunge il y a 20 ans et ce sont peut-être eux qui vont l’enterrer!

1988-2008, le grunge fête officiellement ses 20 ans. Si plusieurs des groupes qui ont fait la pluie et le beau temps à l’époque sont aujourd’hui disparus, celui qui fut à l’avant-garde de ce mouvement persiste toujours et aucun de ses membres n’est mort d’une overdose. Qu’on se le dise, Mudhoney, fort d’un nouvel album intitulé The Lucky Ones et de la réédition (largement bonifiée) du classique EP Superfuzz Bigmuff de 1988, n’est pas près de rendre les armes. "Je ne comprends toujours pas ce que grunge veut dire. Pour moi, ce terme a surtout une vague consonance géographique qui implique des bands qui jouent fort. En plus, le grunge, c’est pour certains des trucs comme Alice in Chains ou Stone Temple Pilots, des groupes qui ont influencé des formations telles que Creed ou Nickelback, et Dieu sait que nous n’avons rien à voir avec toute cette merde. Nous, on a toujours fait du punk-rock, de la même manière que les Replacements et les Butthole Surfers furent considérés comme punk", précise Mark Arm, membre fondateur du mythique combo de Seattle mais aussi sorte de père spirituel de la vague qui a vu naître Nirvana et d’autres artistes qui ont changé le visage du rock au début des années 90. Car il faut savoir qu’avant de démarrer Mudhoney en 1988, Mark Arm a sévi au sein de Green River en compagnie du guitariste Steve Turner (aussi de Mudhoney), de Jeff Ament et Stone Gossard (tous deux de Pearl Jam), groupe dont l’EP Come on Down de 1985 est vu par plusieurs comme le premier vrai disque de grunge. Donc, si on se fie à cette date, le grunge a plus de 20 ans!

Joint à son boulot chez Sub Pop (parce que, non, Mudhoney n’a pas rendu Mark Arm millionnaire comme certains de ses copains rockeurs qu’il a côtoyés, sinon influencés, à Seattle), le leader de Mudhoney n’est ni amer ni cynique quant au timide succès commercial de son groupe par comparaison avec celui atteint par Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains et autres Pearl Jam. Est-ce pour cette raison que le dernier album du combo s’intitule The Lucky Ones? "Ça dépend de la perspective, rigole le chanteur et guitariste. Dans un sens, je considère que notre groupe est chanceux d’être encore là 20 ans plus tard (le batteur Dan Peeters est à bord depuis le début et le bassiste Guy Maddison a remplacé Matt Lukin en 2000), de faire des disques et de donner des concerts partout à travers le monde. On a aussi été chanceux d’être au bon endroit au bon moment. Je pense qu’il y a plein d’excellents groupes de rock qui n’ont jamais eu la possibilité de se faire entendre en dehors d’un cercle très restreint alors que nous avons pu faire tout ce que nous avons fait juste parce que Sub Pop a commencé à devenir populaire au moment où nous avons rejoint le label."

The Lucky Ones voit le groupe arpenter les mêmes sentiers de boue et de miel, gluants et collants. Son rock sale, sauvage, tordu et bruyant n’a guère changé en 20 ans. "Nous avons enregistré l’album en trois jours. Pas par faute de moyens mais parce que les membres ont tous des jobs durant la semaine, explique Mark Arm. On a été chanceux là encore car tout s’est déroulé très vite, et en plus, ça ne sert à rien de passer trop de temps en studio. Y a des groupes qui vont tourner en rond pendant des heures à essayer toutes sortes de possibilités, à utiliser toutes les machines à leur disposition, pour finalement revenir à la case départ mais en ayant perdu toute fraîcheur et spontanéité en cours de route. Nous, on tient à rester le plus cru possible!"

À écouter si vous aimez /
Nirvana, The Stooges, Tad