Quatuor Renoir : Renoir et la modernité
Musique

Quatuor Renoir : Renoir et la modernité

Le Quatuor Renoir s’inscrit dans la tradition tout en cultivant une passion pour Zemlinsky. Le tout ponctué de Zappa et de Led Zeppelin.

C’est depuis 1995 que le violoniste Florent Brannens travaille au sein du Quatuor Renoir, qu’il a fondé en compagnie de la violoniste Hélène Collerette. Pour ce concert à Québec, si le Quatuor no 3 de l’opus 41 de Robert Schumann et Langsamer Satz d’Anton Webern ne leur sont pas étrangers, le Quatuor no 1 de l’opus 51 de Brahms est tout nouveau. Une suite logique, selon le violoniste français. "Si on considérait toutes les périodes qui ont donné naissance à l’ère romantique, on se rendrait compte qu’il y a un fil conducteur qui provient de la même source: Beethoven. Il est en quelque sorte la référence par excellence. Schumann lui-même s’inspirait directement des quatuors Razumovsky et Brahms souffrait d’un complexe par rapport au grand compositeur allemand. Pour le citer, il admettait qu’on ne pouvait faire mieux. Il y a une relation étroite entre Schumann et Brahms sur cet aspect."

Tout en prenant l’exemple de Jean Renoir, qui s’est dirigé d’instinct vers le cinéma, Florent Brannens s’explique mal les motivations qui le font persévérer au sein du quatuor du même nom. S’il admet que les formations se sont multipliées en France, rien ne semble pour autant remettre en question cette entreprise qui, selon ses dires, s’est forgée au hasard des rencontres et s’est cultivée par la suite. Grâce à ProQuartet, le centre européen de musique de chambre, le quatuor – complété par Fanny Coupé (alto) et Emmanuel Gaugué (violoncelle) – a pu entrer en contact avec le violoniste Günther Pichler. Une expérience unique auprès du fondateur du Quatuor Alban Berg.

Si on peut s’imaginer qu’il y a une finalité aux stages de perfectionnement pour les musiciens, il en va tout autrement pour ces interprètes chevronnés. "Il y a des moments où l’on se pose la question, surtout lorsqu’on est musicien d’orchestre, constate-t-il. Pourquoi encore se faire dire comment jouer Petrouchka de Stravinsky alors qu’on l’a interprétée tant de fois? Mais parfois, il arrive des moments uniques. Je me souviens de Günther qui demandait à Hélène comment elle s’y prenait dans un passage bien précis pour saisir sa technique et s’en inspirer. Il y a une complicité en musique de chambre qui ne peut pas se comparer avec la vie d’orchestre."

Loin de rester cloîtré dans le grand répertoire, le quatuor a tâté du jazz en compagnie du contrebassiste Renaud Garcia Fons. Une expérience que les musiciens ont parfaitement assimilée. "D’une certaine façon, ça nous fait prendre conscience d’un danger qui subsiste en musique classique, indique M. Brannens. Qu’elle soit baroque, romantique ou contemporaine, on peut, avec le temps, s’éloigner de notre époque si on se concentre uniquement sur une dimension historique. On peut se couper du monde. Je crois que ces expériences qui nous déstabilisent, soyons honnêtes, sont bénéfiques pour nous faire comprendre cette dimension. Et elles sont souvent issues de concours de circonstances. Nous allons d’ailleurs répéter l’expérience en interprétant cette fois-ci Led Zeppelin et Frank Zappa pour Radio France en octobre. Vous connaissez très bien celui qui a fait les arrangements pour les pièces de Zappa: Walter Boudreau. D’un autre côté, on pourrait aussi se questionner sur la pertinence d’interpréter Black Dog en quatuor à cordes. Nous verrons bien!"