Chad VanGaalen : La renaissance
Chad VanGaalen demeure un solitaire indomptable et peaufine son art tel un alchimiste. Avec Softairplane, il semble avoir trouvé la formule idéale.
L’artiste ne se contente pas de venir nous présenter son dernier disque, Softairplane, il en profite pour présenter le groupe Women, dont il a réalisé le premier album et dont certains musiciens officient comme accompagnateurs lors de ses propres spectacles. Un scénario qui risque de se concrétiser encore davantage avec cette nouvelle tournée. Chad VanGaalen s’entoure avant tout de personnes en qui il a une totale confiance et pour lui, le trio de Calgary est à découvrir.
"J’ai reçu des offres par le passé pour réaliser et produire les albums de certains groupes, se rappelle-t-il. Je ne voyais pas comment j’aurais pu les accepter. Avec les musiciens de Women, c’était naturel. Ce sont des amis. Quand les autres offres m’ont été présentées, je ne sais pas… J’avais toujours l’impression qu’ils s’attendaient à ce que je fasse un miracle ou un tour de magie. S’ils savaient comment je travaille… Parfois, ça se résume à boire le plus de bières que nous pouvons et à commencer à jouer pour le plaisir. Avec des amis, ça va. Dans un autre contexte, ce serait un peu bizarre."
Toujours seul maître à bord de ses projets artistiques, qu’ils soient musicaux ou encore en arts visuels, le chanteur continue de travailler en solitaire dans son propre studio. Après Skelliconnection, qui était plus un exercice de style à ses yeux qu’un album achevé, VanGaalen a frappé dans le mille avec son troisième album, qui fait la synthèse de plusieurs années de recherche. "J’ai eu beaucoup de plaisir à faire ce disque, avoue-t-il. Je descendais dans mon studio et je me suis donné le temps d’improviser avec les sons. C’était agréable de pouvoir prendre le temps, d’expérimenter et de trouver de nouvelles façons d’enregistrer pour les appliquer par la suite. J’ai vraiment pris mes distances avec les ordinateurs. L’un des défauts de Skelliconnection, c’était le son, ce n’était pas assez riche et ça manquait de corps. C’est pour ça que j’ai tout enregistré sur bande magnétique cette fois. D’un autre côté, tout est devenu plus simple pour moi de cette façon et tout le processus de l’enregistrement s’est accéléré. J’ai vu tout de suite que l’acoustique correspondait à un standard que je voulais exploiter."
Aux sonorités très organiques, beaucoup plus homogènes que sur ses productions précédentes, la voix de l’artiste se rajoute, atteignant une maturité palpable. Elle endosse des thèmes qu’on pourrait considérer infranchissables (avec Molten Light) et apocalyptiques (Willow Tree) n’eût été de cette interprétation juste et dépouillée. "Je pense que la mort domine, mais elle est sublimée et transportée ailleurs, explique-t-il. J’avais plutôt en tête l’alternance qui s’impose avec le temps et les cycles qui se suivent. Nous ne sommes pas sur cette planète depuis si longtemps et pourtant, on tient pour acquis que ce sera pour l’éternité. Je trouve ça plutôt arrogant comme perception. Je suis allé vers l’autre extrême: celle où l’être humain n’est que de passage et où la planète reprend son dû. Pour effacer en quelque sorte toute cette merde que nous avons faite avec le temps. C’est beaucoup plus une célébration qu’une vision apocalyptique."
À écouter si vous aimez/
Neil Young, Donovan, Velvet Underground