Julien Clerc : Clerc s’envoie en l’air
Julien Clerc réunit une équipe de rêve sur Où s’en vont les avions?, un album romantique et lyrique, mais sans mièvrerie. Amateurs de beau piano, ouvrez les oreilles.
Francis Hébert
Les nouvelles chansons de Julien Clerc planent, propulsées par un magnifique piano et la voix toujours identifiable du chanteur. Où s’en vont les avions?, se demande-t-il ici. Les avions, nul ne sait, mais ses couplets s’envolent tous vers leur interprète, qui les renvoie au public. Autour de Julien, on aligne une série d’auteurs avec pas mal d’expérience au compteur: Maxime Le Forestier, Gérard Manset, Jean-Loup Dabadie, David Mc Neil, Carla Bruni. Des paroles soulevées par des mélodies Clerc.
En quatre décennies, il a mille fois prouvé qu’il sait s’y prendre. Une ligne de conduite jamais démentie: "J’essaie de faire des choses avec une dimension poétique, mais qui s’adressent au plus grand nombre. Par ailleurs, quand vient le temps de produire un nouvel album, j’ai toujours à peu près 50 % de chansons dont j’écris d’abord la musique, et 50 % composées à partir des textes. Je crois que ça ne donne pas le même genre de chansons", explique le chanteur au bout du fil. Et il précise qu’il ne compose pas ses musiques d’avance, il n’en garde pas en banque pour plus tard: "J’enregistre un album, je fais la promotion, ensuite je pars en tournée. Ça me permet d’oublier tout ce que j’ai fait avant. J’ai besoin de faire comme les écrivains qui se retrouvent devant une feuille blanche."
Cette fois-ci, Julien Clerc a fait appel à Benjamin Biolay pour coréaliser le disque (avec Bénédicte Schmitt), en plus de jouer de plusieurs instruments et d’écrire deux textes. Une collaboration déjà entamée sur le cd Studio (2003) de l’aîné: "Dans un premier temps, je voulais utiliser Biolay comme producteur, puis comme auteur dont j’aime le travail. Mais ce qui m’a donné envie de le prendre pour producteur, c’est son dernier album, Trash yéyé, coréalisé avec Bénédicte Schmitt. J’aime bien le travail qu’ils font ensemble."
Un autre grand de la chanson française qui participe à Où s’en vont les avions?, c’est Gérard Manset qui, lui aussi, a 40 ans de carrière et qui fait équipe pour la première fois avec Clerc. Manset signe Frère, Elle n’en avait pas et surtout Une petite fée, une très belle chanson courte à laquelle il faut prêter une attention particulière: "C’est une inspiration très Roda-Gil [son parolier fétiche, aujourd’hui décédé] avec évidemment les trucs de Manset, c’est-à-dire le monde des hommes qu’on voit d’en haut. C’est une chanson qui fera quelque chose en scène, comme une petite respiration."
Julien Clerc semble déjà prêt à décoller. Il parle de sa prochaine tournée qui, espère-t-il, le mènera au Québec. En attendant, son dernier opus a assez de souffle pour nous tenir au chaud quelques saisons, des mélodies plein la tête.
Julien Clerc
Où s’en vont les avions?
(EMI/Fusion 3)
À écouter si vous aimez /
Maxime Le Forestier, Benjamin Biolay, le piano romantique