La Fanciulla del West : Pari gagné
Musique

La Fanciulla del West : Pari gagné

Après l’excellente production qu’en offre l’Opéra de Montréal, La Fanciulla del West ne sera plus un "opéra méconnu de Puccini".

Grand soir de première pour l’ouverture de la saison de l’Opéra de Montréal, le 20 septembre dernier, avec tapis rouge et tralala. Beaucoup de "vedettes" dans la salle, donc, mais il en manquait une, et pas la moindre: Susan Patterson, la soprano devant tenir le rôle de Minnie, qui est pratiquement en scène du début à la fin, était en effet indisposée. C’est la jeune soprano montante Irina Rindzuner qui l’a remplacée au pied levé, et ce, avec brio!

On suppose qu’à l’Opéra de Montréal, on avait déjà en poche le numéro de téléphone de Rindzuner, puisqu’elle chantait le rôle en avril dernier à New York. Mais cette fois-ci, ce n’est pas au petit Dicapo Opera Theatre (200 places) qu’elle le faisait, mais devant les 3000 spectateurs d’une première à Wilfrid-Pelletier! On voudra certes la revoir, et la réentendre, dans une production où elle aura le luxe de quelques répétitions!

La Fanciulla del West (1910) est sans doute l’oeuvre la plus moderne de Puccini, tant dans son traitement (entendons-nous, ce n’est pas du Schoenberg, mais il n’y a pas vraiment de grand air à siffloter à la sortie) que dans le choix du sujet (dérivé de The Girl of the Golden West de David Belasco, qui avait déjà fourni au compositeur le sujet de Madame Butterfly).

Le personnage de Minnie est celui d’une femme forte, mais consciente que sa condition de tenancière de tripot dans un camp de mineurs aurait pu être améliorée si elle avait fait des études; le shérif Jack Rance (campé avec vigueur par le baryton Luis Ledesma) est du genre que l’on ne voudrait pas rencontrer dans une ruelle, tandis que Julian Gavin joue un "méchant" repentant qui s’attire vite notre sympathie.

La mise en scène et les décors de Thaddeus Strassberger renforcent ce côté moderne sans verser dans l’excès. La scène est recouverte des débris d’un train qui a déraillé (c’est le train métaphorique des chercheurs d’or qui ne trouvent rien), et le fond de scène représente un Far West de carte postale, "placardé sur une muraille rouillée", écrit Strassberger dans le programme. La distribution est très fournie et les chanteurs du choeur occupent l’espace et jouent bien, rendant le décor extrêmement dynamique. On espère que l’Opéra de Montréal fera encore appel au jeune metteur en scène.

Consultez la page de l’Opéra de Montréal au www.voir.ca/operademontreal.